vendredi 25 novembre 2011

L'adversaire, Emmanuel Carrère



Ma note: 9/10

Voici la quatrième de couverture: « Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même. L’enquête a révélé qu’il n’était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu’il n’était rien d’autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien. Près d’être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Je suis entré en relation avec lui, j’ai assisté à son procès. J’ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d’imposture et d’absence. D’imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu’il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d’autoroute ou dans les forêts du Jura. De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m’a touché de si près et touche, je crois, chacun d’entre nous. »

Après avoir lu l'excellent "Limonov" de Carrère, je me suis dis pourquoi ne pas lire ses oeuvres précédentes. Comme j'avais déjà vu le film "L'adversaire" mais que je ne me rappelais pas en détail l'histoire de Jean-Claude Romand, j'ai pensé que ce serait une bonne idée d'en faire la lecture. La quatrième de couverture décrit bien le sujet général de l'ouvrage, ou de la tragédie, mais le récit est d'une puissance rarement vu en littérature.

Comme pour "Limonov", Carrère se met en scène dans cette biographie de Romand. On traverse donc les frontières de la biographie en tant que telle et je crois que le meilleur mot pour décrire le genre de ce bouquin est "Récit". C'est le récit d'une et plusieurs vies, le récit d'une expérience. On ne se fait pas décrire des faits comme c'est le cas avec la plupart des biographies, mais on pénètre dans la tête de Jean-Claude Romand et dans celle d'Emmanuel Carrère.

Plus ce récit avance et plus on est dans le thème du mensonge, de la réalité trafiquée. Le lecteur ne sait plus où donner de la tête, Carrère nous faisant vivre une expérience littéraire d'une force inouïe. Le peu qu'il manquait dans "Limonov" on le retrouve avec "L'adversaire". Notamment une émotion à fleur de peau. Et jamais l'auteur ne tombe dans le "human interest" de bas étages.

Je conseille donc "L'adversaire" à tous. C'est un rare livre où l'histoire intéressante côtois une écriture presque parfaite mais avec une histoire vécue, où la fiction ne prend place que dans la tête du personnage principal. L'auteur nous amène plus loin qu'un simple roman ou qu'une simple biographie. En seulement quelque deux cents pages, Carrère réussi presque l'impossible. La perfection littéraire.

6 commentaires:

  1. Merci pour ta critique qui me fait ajouter ce livre à ma PAL
    Une lecture plus optimiste pour la suite ?

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  2. Ça me fait plaisir.

    Oui, plus optimiste, je suis en train de lire "La nuit de l'oracle" de Paul Auster. En tout cas, ça ne peut pas être plus marquant que "L'adversaire".

    À la prochaine.

    Jimmy

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  3. Bon. Je le commande immédiatement. A suivre donc.

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  4. Bonne lecture!

    Tu nous en donneras des nouvelles !

    À bientôt...

    Jimmy

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  5. Je n'ai pas été captivée... plus que ça. Je n'ai pas réussi à être véritablement happée. Je pense que la raison est très simple : je suis une femme. Je n'ai pas pu me dégager du drame qu'ont vécu les personnes de sa famille. Il m'a été difficile de prendre du recul. Littérairement parlant, le livre n'a rien d'extraordinaire, donc je n'y ai pas trouvé ce que je pensais être une œuvre bouleversante. Mais je suis contente de l'avoir lu car on en parle quand même régulièrement, je pourrais au moins avoir la possibilité de donner un avis en connaissance de cause. Je lui ai quand même attribué un 7/10 ! Voici la critique que j'ai publiée sur mon blog : http://leromanculinaire.blogspot.com/2012/01/l-adversaire-emmanuel-carrere.html
    Je viens de réserver le livre de Goethe "Les souffrances du jeune Werther" que j'ai lu adolescente mais que j'ai oublié. Sur tes conseils, je vais le relire...

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  6. Je te comprends parfaitement. Dans mon cas, c'est plus un coup de coeur d'un instant parce qu'après quelques semaines, j'ai déjà oublié ce livre. Je crois que Carrère écrit bien mais sans plus. Et comme tu le disais, littérairement parlant, il n'a rien d'extraordinaire. Par contre, celui de Goethe est incroyable, tu m'en donneras des nouvelles, parce que j'ai été complètement soufflé par ce roman.

    A bientôt.

    Jimmy

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