jeudi 27 septembre 2012

Avant d'aller dormir, S.J. Watson



Ma note: 7,5/10

Voici la quatrième de couverture: À la suite d’un accident survenu une vingtaine d’années plus tôt, Christine est aujourd’hui affectée d’un cas très rare d’amnésie : chaque matin, elle se réveille en croyant être une jeune femme célibataire ayant la vie devant elle, avant de découvrir qu’elle a en fait 47 ans et qu’elle est mariée depuis vingt ans. Son dernier espoir réside dans son nouveau médecin, Ed Nash. Celui-ci lui a conseillé de tenir un journal intime afin qu’elle puisse se souvenir de ce qui lui arrive au quotidien et ainsi reconstituer peu à peu son existence. Quand elle commence à constater de curieuses incohérences entre son journal, ce que lui dit son entourage et ses rares souvenirs, Christine est loin de se douter dans quel engrenage elle va basculer. Très vite elle va devoir remettre en question ses rares certitudes afin de faire la vérité sur son passé… et sur son présent.

Cela prenait un certain courage pour un auteur de thriller d'embarquer dans ce genre d'histoire, soit celle de je-me-souviens-de-rien-et-je-cherche-à-comprendre. Le dernier thriller que j'avais lu - ou un des derniers - traitait relativement du même sujet, "Le passager" de Jean-Christophe Grangé. Ce genre très pointu du thriller a été abordé trop souvent et notamment par le cinéma. Par contre, certains films et romans sont très réussis, comme "Memento". Et on pourra, selon moi, y inclure "Avant d'aller dormir" de S.J. Watson. C'est un très bon roman.

L'auteur ne fait pas l'erreur de commencer sur les chapeaux de roues. Il prend le temps de bien amener son histoire. Sa prose est sèche, sans fioritures et il ne précipite pas son écriture. Alors, il ne commet pas l'erreur des débutants, ou des mauvais romanciers. Ce livre est certainement un bon "page turner", il ne réinvente rien mais il est efficace au possible. Il y a peu de personnages, une autre qualité pour ce genre, et ainsi, cela nous permet de ne pas perdre le fil. Il y a par contre de petits défauts, comme le personnage principal qui écrit "Ne pas faire confiance à Ben" dans son journal intime alors que l'on retrouve la même phrase - ou presque - dans le film "Memento". En plus, pour les deux histoires, cela devient un enjeu majeur de l'intrigue. Aussi, le déroulement de l'histoire, et surtout la fin, ne sont pas tout à fait crédibles. Watson prend le temps de tout expliquer mais il y a un certain fouillis. En plus, ce qu'on apprend de nouveau à chaque chapitre - et le dénouement - n'est pas toujours si extraordinaire. Je suis donc un peu surpris de constater le succès immense de ce bouquin.

Pour terminer, je dois dire que S.J. Watson est de loin supérieur à la moyenne des écrivains de thrillers que l'on retrouve en librairie. Entre autres, la forme du roman est impressionnante pour un auteur de ce genre (thriller-psychologique dans ce cas-ci). L'écriture est très cinématographique et le récit alterne entre le roman à la première personne, écrit par le personnage principal, Christine, qui souffre d'amnésie, et son journal intime qu'elle lit sous nos yeux. Doublé d'une intrigue respectable et mystérieuse, "Avant d'aller dormir" offre un très beau moment de lecture.

lundi 10 septembre 2012

D'autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère



Ma note : 7/10

Voici la quatrième de couverture : À quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari. Quelqu'un m'a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire? C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère). Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour. Tout y est vrai.

Après "Un roman russe" inégal et d'autres romans plus ou moins bons, Carrère décide d'écrire sur la vie de gens qu'il a côtoyés. Ce roman russe était une autobiographie et ici, avec "D'autres vies que la mienne", l'autobiographie est toujours très proche, parce qu'il se met en scène - comme dans plusieurs autres de ses romans - et cela commence par son passage en Thaïlande lors du tsunami de 2004.

Après quelques dizaines de pages on se demande bien ce que nous offrira ce livre et ce qu'il restera à dire à l'auteur sur ces vagues, la plage, la douleur, l'angoisse. Parce que, comme je le disais, le roman commence lors du tsunami. Et d'un coup, il prend une autre direction qui m'a surpris en racontant la vie de gens qui ont souffert de tous les maux et qui, indirectement, sont ses proches. Le cancer y passe - et d'une façon plus générale la maladie -, de même que les ennuis financiers, la perte, les tourments. Parfois il creuse trop en profondeur, notamment en nous expliquant de fond en comble le système financier français et d'autres fois, l'ennui est très présent. Par contre, par moments, le récit des différentes vies dont nous offre le bouquin devient très touchant et Emmanuel Carrère nous accompagne avec une plume agréable au possible.

Donc, pour terminer, je dois dire que j'ai eu une légère déception. C'est un roman sans grand intérêt et comme la quatrième de couverture en fait mention, tout est vrai. La façon de raconter les différentes biographies nous rappelle celle de Paul Auster mais avec le côté imaginatif et merveilleux en moins. Et pour cause, le présent roman est véridique alors qu'Auster donne davantage dans la fiction. Aussi, on pourrait dire que "D'autres vies que la mienne" a une facette qui m'a déplu, celle du banal de la chose (à l'exception des premières pages). Ainsi, je ne pense pas relire ce livre dans un proche ou moyen avenir, contrairement à un "Limonov" qui lui, m'avait convaincu.

lundi 3 septembre 2012

L'éducation sentimentale, Flaubert



Ma note: 8,5/10

Voici la quatrième de couverture : Un jeune provincial de dix-huit ans, plein de rêves et plutôt séduisant, vient faire ses études à Paris. De 1840 au soir du coup d'État de 1851, il fait l'apprentissage du monde dans une société en pleine convulsion. Sur son chemin, il rencontre le grand amour et les contingences du plaisir, la Révolution et ses faux apôtres, l'art, la puissance de l'argent et de la bêtise, la réversibilité des croyances, l'amitié fraternelle et la fatalité des trahisons, sans parvenir à s'engager pour une autre cause que celle de suivre la perte de ses illusions.

Flaubert est un rare classique que je n'avais pas encore lu. Souvent présenté comme un précurseur et comme le maître de Zola, qu'il influença, il est aimé par la critique mais lorsqu'il fait partie d'une lecture obligatoire dans les collèges, les étudiants le trouvent parfois ennuyeux. En plus, le titre de ce roman peut porter à confusion, notamment parce que ce n'est pas une lecture "fleur bleue" comme on pourrait le penser en lisant seulement le titre. J'ai donc choisi celui-ci pour pénétrer l'oeuvre de ce grand auteur et non "Madame Bovary", un autre de ses romans connus et reconnus.

Et je n'ai pas été déçu. Il est beaucoup plus facile à lire que ce que j'aurais cru et la forme du roman, son style, sa poésie, son côté linéaire, me font penser aux romans contemporains. Il y a de la grandeur dans ce roman, par son ancrage historique et il y a aussi une intimité qui s'en dégage (on suit le même personnage, fort attachant, du début à la fin). Le réalisme côtoie une mélancolie subtile. Et globalement, c'est un roman initiatique. Contrairement à Zola, Flaubert ne prend pas clairement position en faveur des thèses socialistes. Aussi, le réalisme du roman est moins présent que celui de Zola.

Ensuite, j'ai trouvé que Flaubert est un des auteurs classiques qui a le mieux vieilli. Ce roman, par son côté contemporain (et je parle de la forme seulement) est, avec les "Carnets du sous-sol" de Dostoïevsky, entre autres, un bouquin qui se lit bien même au 21e siècle.

Par contre, je peux comprendre que plusieurs s'ennuient lors de cette lecture. Il y a des longueurs et il n'y a pas vraiment de scènes marquantes comme dans les romans de Victor Hugo, Émile Zola et Fiodor Dostoïevsky. Il est le roman préféré de plusieurs écrivains de ma génération comme Bret Easton Ellis. Personnellement, c'est sûr que je vais relire Flaubert. J'ai adoré!