Ma note:
7/10
Voici le résumé : "Il existe des êtres qui ne subissent pas la loi de l'évolution. Ce sont les légumes cliniques", ou des tubes par où circule seule la nourriture. Ces tubes ne sont pas pour autant sans cervelle puisqu'il arrive que celle-ci, suite à un "accident fatal", se réveille soudain, et déclenche la vie. C'est exactement ce qu'a vécu la (très) jeune narratrice de Métaphysique des tubes durant les deux premières années de sa vie qui furent muettes, immobiles, végétatives, bref divines. Au sens propre, car ce singulier bébé n'ignore pas qu'il est Dieu lui-même, méditant sur ce monde qu'il hésite à rejoindre. Sous forme de monologues intérieurs, considérations philosophico-drolatiques, on déguste le récit de ces trois premières années d'une vie française au Japon, pays merveilleux où de la naissance à la maternelle, l'enfant est un dieu.
Avec "Métaphysique des tubes" Nothomb nous signe un autre très beau roman (somme toute assez court). Il n'est peut-être pas mon préféré de cette écrivaine belge, mais il est certainement le mieux écrit que j'ai lu de cette auteure. Surtout la première moitié qui nous montre une Amélie Nothomb davantage profonde dans son écriture que ce qu'elle nous a habitué. Lors de cette première moitié, elle décrit sa vie entre 0 et 2 ans. Cela sera suivi par sa "véritable" naissance à 2 ans 1/2 et un peu plus loin dans le roman elle bouclera ce très bon petit roman avec son troisième anniversaire.
Certains affirment que tout est autobiographique dans ce livre. C'est impossible. Les souvenirs en très bas âge sont rares - et même exceptionnelles - et on les retrouve chez les enfants qui ont subi des traumatismes sévères.
Par contre, le bouquin est quand même crédible et c'est ce qui fait le charme du roman en général, soit de côtoyer la réalité et la fiction. Dans ce cas-ci, la mission dangereuse que l'auteure entreprenait est réussie. Plusieurs thèmes ressortent de cette lecture - malgré la brièveté de l'oeuvre - comme les relations de l'enfant avec son entourage immédiat, l'arrivée dans un nouveau pays (et dans ce cas-ci la naissance dans un pays étranger), la différence chez certains enfants, mais c'est surtout les thèmes de la mort et celui du néant qui nous accrochent le plus.
Globalement, la définition première de "métaphysique" c'est l'être en tant qu'être. Nothomb semble pencher davantage sur la définition de Dieu quand elle parle de métaphysique. Mais le résultat est le même, parce qu'elle décrit bien l'être en tant qu'être (dans la peau d'un bébé) tout au long du roman. Et ainsi, cet état est comparé à un "tube", d'où le titre de l'ouvrage.
Alors, pour terminer, et sans vous dévoiler la fin, qui est passablement intrigante, je dois dire que c'est un récit qui laisse songeur (dans le bon sens du terme). C'est court, c'est précis et il n'y a pas un mot de trop. Par contre, je peux comprendre que plusieurs n'ont pas aimé parce qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue. Sans être un roman parfait (j'en conviens), j'ai bien apprécié ma lecture.