jeudi 31 mars 2011

Ubik, Philip K. Dick



Ma note : 9/10

Voici la quatrième de couverture : La publicité des organismes de protection anti-psi proclame : « Défendez votre intimité. Est-ce qu'un étranger n'est pas à l'affût de vos pensées ? Ëtes-vous vraiment seul ? Cela concerne les télépathes mais aussi les précognitifs. Vos actes sont-ils prédits par quelqu'un que vous n'avez jamais rencontré ? Mettez fin à votre anxiété ; contactez le plus proche organisme de protection... » C'est dans cet univers que Glen Runciter vit et meurt. Mais meurt-il vraiment ? Le temps s'en va en lambeaux. Une bouffée de 1939 dérive en 1992. Et par les trous du décor se glissent les messages d'Ubik. Ubik qui est partout, Ubik qui est tout. Mais qui est Ubik ?

Je me souviens d'avoir lu "Le maître du Haut château" de Philip K. Dick, il y a quelques années. L'idée de départ m'intéressait et Dick avait une solide réputation dans le domaine. Mais finalement, j'avais été déçu. Mes attentes étaient trop grandes et j'ai donc décidé de mettre cet auteur de côté. Je me disais : "Réputation surfaite" et puis j'ai laissé flotter ce nom d'écrivain dans mon inconscient sans jamais y revenir, à tout le moins jusqu'à cette semaine.

Et là... Le coup de foudre! Un coup de massue même, tellement j'ai aimé "Ubik". C'est un roman de science-fiction exceptionnel. Le nombre d'idées extraordinaires qu'on retrouve dans ce roman est effarent mais le pire (ou plutôt le mieux) c'est que toutes ces idées se déversent jusqu'à nous en seulement 280 pages. L'auteur se joue de nous d'une main de maître et son immense talent nous fait vivre de fortes émotions. Il faut aimer la science-fiction pour bien apprécier le livre mais aussi, on doit être très attentif tout au long de notre lecture pour ne rien échapper de cette histoire.

En plus d'être un excellent divertissement, ce livre nous fait réfléchir, rêver, imaginer l'impossible et nous parle beaucoup de tout ce qui a rapport à l'identité mais d'une façon plus globale, c'est-à-dire sur la "vérité" de la réalité (notre point de vue biaisé sur la réalité et ce qu'on prétend être telle ; vivons-nous vraiment et réellement dans la réalité, tous et chacun?). Et tout cela nous est servi avec une plume concise et efficace. Du grand art.

Pour terminer, je considère qu'"Ubik" est un chef-d'oeuvre non seulement de la science-fiction mais aussi, de la littérature. Je me suis attaché aux personnages et en fait, pour faire simple, il n'y a que du bon dans ce bouquin. La fin m'a jeté par terre et l'idée des "semi-vivants" est exploitée judicieusement tout au long du récit. Je dirais même que l'auteur est un génie!!

mardi 29 mars 2011

Christine, Stephen King



Ma note : 7,5/10

Voici la quatrième de couverture : Christine est belle, racée, séduisante. Elle aime les sensations fortes, les virées nocturnes et le rock n'roll des années héroïques. Depuis qu'elle connaît Arnie, elle est amoureuse. Signe particulier : Christine est une Plymouth « Fury », sortie en 1958 des ateliers automobiles de Detroit. Une seule rivale en travers de sa route : Leigh, la petite amie d'Arnie... Ce roman légendaire de Stephen King, rythmé par la musique de Chuck Berry et de Janis Joplin, a déjà pris place dans les classiques de l'épouvante.

Quand on me demande le nom de mon auteur préféré, pour faire court, je réponds souvent Stephen King (pour bien situer les gens étant donné qu'il est connu de tous). Premier mensonge de ma part. Et après, quand on me demande quels livres de Stephen King j'ai lu, je réponds : tous. Deuxième mensonge de ma part. Généralement, mes interlocuteurs sont impressionnés par ces deux réponses, allez savoir pourquoi. Dorénavant je pourrai répondre que j'ai tout lu de Stephen King sans mentir, parce que le seul que je n'avais jamais lu c'est bel et bien celui-ci, "Christine". Par contre, ma première réponse sur mon auteur préféré continuera à être fausse!

Alors, qu'en est-il du seul roman de Stephen King que je n'avais jamais lu? Et bien, ce fut une lecture somme toute agréable. C'est un bon divertissement, il n'y a pas de doute et l'atmosphère créée par King est juste et agréable. En plus, il situe les personnages à la fin de l'adolescence et ce point est intéressant, parce qu'il décrit très bien les tourments de cette période. On voit que l'auteur sait de quoi il parle.

Stephen King, sans être un écrivain classique, est quand même un excellent conteur. "Christine" n'échappe pas à ce constat. J'ai attendu très longtemps avant de le lire parce que l'histoire de départ ne m'intéressait pas et je n'avais pas aimé le film de John Carpenter. Mais je dois dire que le roman est beaucoup mieux. Il nous tient en haleine et on s'attache vite aux personnages. Contrairement à plusieurs autres romans de King, celui-ci n'a pas de longueurs et l'action est au rendez-vous. Sans être trop rapide, le rythme est juste comme il se doit.

Je sais que l'autre roman (de M. King) sur ce sujet, "Roadmaster", n'est pas apprécié par les lecteurs (en général), mais pour ma part j'avais davantage apprécié ce dernier. J'avais aimé l'atmosphère plus mystérieuse que "Christine" mais je dois dire que les longueurs étaient plus présentes par contre. Quoi qu'il en soit, ce fut deux lectures agréables sur un sujet qui ne m'intéresse pas à priori.

Finalement, sans être dans les bons romans de Stephen King, "Christine" se situe selon moi dans la moyenne de ses écrits. On a droit à un récit d'horreur comme lui seul sait en écrire et on devient vite tourmenté par cette histoire. En plus, il a une petite touche sociologique (sur le sujet de l'adolescence). En fait, je n'ai vraiment pas regretté d'avoir lu le dernier Stephen King qu'il me restait à lire.

mercredi 23 mars 2011

Les soldats de la nuit, Alan Furst



Ma note : 6,5/10

Voici la quatrième de couverture : Parce qu'il a vu son frère mourir devant lui, assassiné par une milice fasciste, Khristo Stoiaven possède une qualité essentielle aux yeux du NKVD : le désir de vengeance. Recruté par cette redoutable organisation secrète, au service de la jeune Union Soviétique (nous sommes en 1934), Khristo devient l'espion parfait. As du renseignement, artiste de la filature, expert en explosifs, polyglotte, il excelle dans tous les domaines. La guerre d'Espagne lui donne l'occasion de montrer l'étendue de ses talents. Avec Faye, Renata, Sasha et Andres, ses compagnons de lutte, il mène une guerre sans merci contre le franquisme. Mais la terreur stalinienne aura raison de son idéal. Fuyant les purges ordonnées par le Parti, il se réfugie en France, sans savoir qu'il va ainsi à la rencontre d'un nouvel ennemi en uniforme vert-de-gris. Des bords du Danube au maquis d’Epinal puis en Tchécoslovaquie, l’épopée de la première génération d’agents communistes est la matière de ce roman extraordinaire, où l’on retrouve l’écho des récits de Jan Valtin, Gustav Regler ou Victor Serge.

Je ne lis jamais de roman d'espionnage. De mémoire, c'est le premier roman de ce genre que je lisais, même s'il y a un "John Le Carré" qui attend dans ma bibliothèque depuis deux ans. Même si je n'aime pas le genre, je tenais à lire ce Alan Furst parce qu'il avait comme cadre historique une époque que j'affectionne particulièrement et surtout, il parlait des bolcheviks, un parti politique que j'aime étudier.

Le roman a bien commencé, de mon point de vue. Le premier élément qui m'a frappé est la plume exceptionnelle de cet auteur. Je ne m'attendais vraiment pas à cela (notamment à cause du genre de roman), mais le style d'écriture de Furst est très bien peaufiné et notre lecture devient agréable en peu de temps. Aussi, cet écrivain a le don de la narration. En fait, il sait conter une histoire, ce qui n'est pas le cas de tous. Mais ici s'arrête les points positifs, voyons maintenant ce que je n'ai pas aimé.

Donc, pour les points négatifs, il y a la confusion qu'on rencontre un peu plus loin dans le roman. C'est peut-être dû au fait que c'était mon premier roman d'espionnage, mais plus le récit avançait, moins je comprenais l'histoire, les situations, les personnages, etc. Le livre est vite devenu lassant pour moi. Il m'a fait réaliser que je n'aimais vraiment pas les romans d'espionnage. En plus, le livre est quand même assez volumineux, ce qui fait perdurer encore plus notre malaise et notre difficulté, en tout cas pour les profanes. Même si l'auteur a su créer une ambiance rempli de tension, tout au long du roman, on ne sait pas trop où l'on se trouve et on ne comprend pas trop les buts recherchés par les personnages.

Finalement, je peux dire que j'ai été déçu de ma lecture. Même si Alan Furst m'a surpris avec une écriture splendide, c'est à peu près tout ce que j'ai eu à me mettre sous la dent. Donc, définitivement, je ne lirai pas d'autres livres de Furst. Non plus le John Le Carré qui attend patiemment dans ma bibliothèque. J'espère pour lui qu'il saura être très patient...

samedi 19 mars 2011

Apocalypse bébé, Virginie Despentes



Ma note : 7,5/10

Voici la quatrième de couverture : Valentine disparue... Qui la cherche vraiment ?
Entre satire sociale, polar contemporain et romance lesbienne, le nouveau roman de Virginie Despentes est un road-book qui promène le lecteur entre Paris et Barcelone, sur les traces de tous ceux qui ont connu Valentine, l'adolescente égarée... Les différents personnages se croisent sans forcément se rencontrer, et finissent par composer, sur un ton tendre et puissant, le portrait d'une époque.

Ce résumé de la quatrième de couverture décrit bien le portrait général qui se dégage du roman. Cela serait difficile de faire mieux. Donc, je vais m'en tenir au strict minimum.

Tout d'abord, il y a quelques éléments qui m'ont agacés lors de la lecture. Le pire, c'est certainement l'argot français omniprésent tout au long du roman et pas seulement lors des dialogues (ce qui aurait été plus acceptable). Étant québécois, je déteste les romans français trop français, point de vue langagier. J'aime mieux le français international. Aussi, on se perd un peu en ce qui a trait au narrateur, parce qu'on suit différents personnages mais pas nécessairement différents narrateurs. Ensuite, pour terminer avec mes petites déceptions quant à ce roman, je dois dire que mes attentes ont dépassé le résultat. Non que ce roman soit faible, mais j'ai quand même été un peu déçu. Il avait gagné le prix Renaudot 2010, ce qui n'est pas rien. En plus, je n'avais jamais lu cette auteure et j'avais entendu que du bien. Mais au final, je ne crois pas que Virginie Despentes soit si exceptionnelle. Elle a du talent, certes, mais elle ne m'a pas complètement conquis.

Par contre, dans l'ensemble, ce roman tient la route sans problème. Il a un souffle, ce qui n'est pas facile à décrire, et notre lecture est agréable malgré quelques longueurs au milieu. La fin du roman est surprenante et même époustouflante. Un personnage important du roman, Valentine, est absente pendant presque tout le roman, mais en même temps, ce personnage nous prend aux tripes. La société malade dans laquelle on vit est aussi très bien décrite et analysée par Despentes. En fait, même si on est à la recherche de Valentine pendant tout le roman, c'est la société qu'on recherche. C'est la société qui est analysée. Ce n'est pas seulement une poursuite contre la montre ce roman, c'est plus que ça. C'est une critique de notre vie, supposément moderne et évoluée.

Finalement, on sort de notre lecture décontenancé. Bien sûr que le roman a plein de défauts (comme ceux que j'ai décrit plus haut). Mais ce roman est une lecture essentielle. Du moins, si on veut en apprendre un peu plus sur nous...

jeudi 10 mars 2011

La possibilité d'une île, Michel Houellebecq



Ma note : 7,5/10

En quatrième de couverture on ne peut lire que cette question : Qui, parmi vous, mérite la vie éternelle ?

C'est peu et selon moi, pas assez révélateur comme résumé. On est en présence d'un roman de science-fiction et même, à la limite, d'anticipation. Bien que Houellebecq explore pour la première fois ce genre, on ne peut pas dire que ce roman soit éloigné de l'oeuvre de Houellebecq. Au contraire, c'est la continuation et la finalité de son oeuvre (parce qu'avec son roman suivant, "La carte et le territoire", il explore d'autres genres). Ses théories sur le sexe, la société et la vie en général sont poussées à l'extrême avec "La possibilité d'une île". Pour résumer grossièrement, c'est un clone qui raconte les vies de ses clones antérieurs, avec une touche Houellebecq, c'est-à-dire philosophique, psychologique et sociologique.

Pour mon appréciation, j'ai réalisé assez tôt dans ma lecture que ce serait le roman de Houellebecq que j'apprécierais le moins. Il est construit assez faiblement et même si le style d'écriture de Houellebecq, que j'adore, est encore présent, ce fut somme toute une lecture banale. En plus, c'est l'histoire de la secte des raéliens qui nous est racontée (même si Houellebecq a modifié le nom) et personnellement, ce n'est pas un sujet qui m'intéresse.

Donc, au final, j'ai été déçu de ma lecture, même si tout n'est pas raté. Entre autres, la plume agréable de l'auteur. D'où ma note acceptable de 7,5. Mais c'est le seul roman de Houellebecq que je n'avais pas lu et c'est son plus faible selon moi. Sans aucun doute.

Il ne vous reste plus qu'à le lire, si ce n'est déjà fait, pour vous faire votre propre idée. Bonne lecture!

lundi 7 mars 2011

L'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera



Ma note : 8,5/10

Voici la quatrième de couverture : Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ? Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune. Qu'est-il resté de Tomas ? Une inscription : il voulait le Royaume de Dieu sur la terre. Qu'est-il resté de Beethoven ? Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : Es muss sein ! " Qu'est-il resté de Franz ? Une inscription : Après un long égarement, le retour. Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli.

Avec en toile de fond le fait historique trop souvent oublié du printemps de Prague, ce magnifique roman de Kundera représente plus qu'un simple roman. Avec ce livre, Kundera prend le temps de parler au lecteur, entre autres en l'avertissant qu'il lit un roman et qu'il n'est pas dans la réalité (il nous dévoile ses ficelles). Mais aussi, en ayant un côté essayiste en son corpus et même philosophique. Le tout écrit avec la plume d'un géant des lettres, trop souvent oublié par le comité du nobel de littérature.

Comme son roman "La vie est ailleurs" (au fait on y voit plusieurs points en communs entre les deux romans) Kundera nous transporte, page après page, tout en douceur. C'est doux lire du Kundera, même si le propos est souvent lourd, cet auteur a le don de tout rendre léger et selon moi, il est un maître incontesté du roman.

Quant au titre, il représente bien cette douceur (et pas nécessairement parce qu'il contient "légèreté"). Il met bien la table pour le propos du livre, soit un penchant assurément nihiliste. Tout au long de notre lecture, on sent l'absurdité de la vie, sa légèreté mais aussi sa lourdeur et ainsi, on peut en ressortir changé.

Donc, au final, ce roman a été une lecture des plus agréable pour moi. Kundera commence en parlant de Nietzsche (un de mes philosophes préférés) et à maintes occasions au cours de notre lecture, on est en mode pause en ce sens que Kundera joue franc-jeu avec nous pour s'entretenir en quelque sorte avec le lecteur. En fait, je pourrais en parler pendant des lunes mais je me contenterais de conclure en vous invitant à lire ce roman époustouflant!