samedi 28 janvier 2012

L'immortalité, Milan Kundera



Ma note: 9/10

Il n'y a pas vraiment de quatrième de couverture pour ce roman. L'éditeur a plutôt choisi de retranscrire la table des matières de ce livre. Et on peut le comprendre, parce que l'histoire est éclatée, plusieurs histoires s'entremêlent et on se retrouve donc avec une histoire principale, (celle de la mort d'Agnès qui se préparait sans le savoir à une mort prochaine. Cette mort fut accidentelle.) qui a plusieurs histoires secondaires autour d'elle. Kundera nous entretient donc sur l'immortalité de l'être et sur son oeuvre. Entre ensuite en scène (même si tout cela ne suit pas un plan ordonné) Goethe, Hemingway, Kundera lui-même et d'autres personnages. En plus, Kundera traite de différents sujets, entre autres politique, littéraire, philosophique. Cela en fait un roman disparate mais génial. Et le tout est rassemblé par le même fil conducteur qui est le sujet de l'immortalité.

C'est un chef-d'oeuvre. Avec "La vie est ailleurs" (discuté dans celui-ci, en passant) "L'immortalité" est mon préféré de cet écrivain. Il fait un peu plus de 500 pages et donc, on a le temps de bien pénétrer dans l'histoire (contrairement à ceux de sa période française). Il se lit bien, la plume de Kundera est à son mieux et le récit est d'une profondeur que j'ai rarement vue. Je n'ai que de bonnes pensées pour ce bouquin et j'aurais même pu lui donner la note parfaite.

Kundera maîtrise parfaitement le roman, en tant que genre. Et en plus, on en apprend. Ce roman est aussi, faut le rappeler, son dernier écrit en Tchèque.

Ensuite, l'histoire de Goethe est certainement mon passage préféré du livre. Kundera se permet même de joindre Hemingway avec Goethe et l'immortalité nous est révélée en toute clarté.

Depuis que j'entretiens ce blog, Milan Kundera est certainement l'auteur qui m'a donné le plus de difficulté lors de la rédaction de mes critiques. Ses romans sont difficilement critiquables, parce qu'entre autres, ils sont différents. Ils n'ont pas d'intrigue conventionnelle et encore moins de suspense. L'auteur prend son temps pour poser son histoire et celle-ci est constamment entrecoupée par l'auteur lui-même et différents sujets intéressants. Et c'est particulièrement vrai pour "L'immortalité". Vrai aussi que c'est un des meilleurs romans que j'ai lu depuis que j'écris des critiques.

mercredi 25 janvier 2012

Les larmes d'Icare, Dan Simmons



Ma note: 5/10

Voici la quatrième de couverture: Il a marché sur la Lune lors d'une mission Apollo, une épopée qui appartient maintenant à l'histoire ancienne. Pourtant, il continue d'être hanté par cette expérience magnifique et se sent, sur Terre, comme l'albatros du poète, englué dans le rêve déçu de toute sa génération. Comment Richard Baedecker retrouvera-t-il ses ailes ? Un grand voyage à la recherche d'une raison de vivre.

J'aime bien Dan Simmons. Surtout quand il fait dans la science-fiction ("Hypérion"), le fantastique ("L'échiquier du mal") et le roman historique ("Terreur"). Sans être un exceptionnel, cet auteur a presque toujours de bonnes idées et même s'il m'a quelque fois déçu (entre autres avec sa "Nuit d'été"), je passe de très bons moments de lecture avec cet auteur.

Mais "Les larmes d'Icare" sont vraiment pénibles. Un des pires livres que j'ai lu depuis longtemps. Je vous explique pourquoi.

Premièrement, le style d'écriture de Simmons se prête mieux quand c'est un divertissement, comme pour les romans cités plus haut. C'est une écriture qui coule, la fluidité est parfaitement en symbiose avec le riche vocabulaire qu'il emploie et l'action des récits est haletante. En plus, il nous partage sa grande culture littéraire. Mais pour rentrer dans la psychologie des personnages, pour la mélancolie, en quelque sorte, de son écriture, il est un incapable. Et malheureusement, "Les larmes d'Icare" avaient comme base ce genre d'histoire, comme vous avez pu le constater avec la quatrième de couverture.

Alors, on était en droit de s'attendre à un roman enivrant, mélancolique à souhait et à la limite du nihilisme philosophique, comme Houellebecq, Kundera et bien d'autres le font à la perfection. Mais non. Dan Simmons nous raconte les tribulations et la recherche de sens de son héros, Richard Baedecker, d'un point de vue extérieur à la conscience, comme si l'auteur s'attendait à ce que le tout forme un ensemble cohérant (de perte de sens du personnage). Loin d'une cohérence, nous avons droit à un ennuyeux roman.

Simmons voulait sans doute faire différent, parce qu'il est un auteur qui touche à presque tous les genres. Mais dommage. Ce genre ne lui va pas, car il faut avoir quelque chose à dire. Et Simmons ne peut nous offrir qu'une plume agréable et de l'action qui tient en haleine.

dimanche 22 janvier 2012

Les souffrances du jeune Werther, Goethe



Ma note: 9/10

Voici la quatrième de couverture: Un serin vole du miroir, et se perche sur son épaule. " Un nouvel ami ", dit-elle, et elle l'attira sur sa main. " Il est destiné à mes petits. Il est si joli ! regardez-le. Quand je lui donne du pain, il bat des ailes, et becquète si gentiment ! Il me baise aussi : voyez. " Lorsqu'elle présenta sa bouche au petit animal, il becqueta dans ses douces lèvres... " Il faut aussi qu'il vous baise ", dit-elle, et elle me tendit l'oiseau. Son petit bec passa des lèvres de Charlotte aux miennes, et ses picotements furent comme un souffle précurseur, un avant-goût de jouissance amoureuse..." il mange aussi dans ma bouche ", dit-elle. Je détournai le visage.

"Les souffrances du jeune Werther" est le roman qui établissait les bases du romantisme, au siècle des lumières, le 18e, mais surtout, qui allait influencer tout le 19e siècle. Il fit scandale à sa sortie, et Goethe dû le publier sous un pseudonyme. Je ne vous dévoilerai pas l'origine de ce scandale pour ne pas nuire à ceux qui ne l'ont pas lus.

Ce roman est probablement ce que j'ai lu de mieux dans ma vie, pour ce qui est du style d'écriture, le degré de perfection que l'auteur atteint. Malgré sa brièveté, environ 150 pages, chaque mot semble soigneusement choisi par l'auteur, qui est aussi poète. Et cela saute aux yeux. La prose jouit d'une poésie sans égale et cela n'est pas surprenant que les poètes soient, la plupart du temps, mes romanciers préférés (Roberto Bolano, Victor Hugo, etc.). Parce qu'on y retrouve les qualités de la poésie et du roman.

Quant à ce roman-ci, il est, en grande partie, écrit sous forme de lettres et on suit l'évolution (ou plutôt la descente aux enfers) du narrateur. Et bien intéressant est le choix de Goethe quant à l'intrusion dans le roman d'un éditeur inconnu. J'ai lu plusieurs auteurs classiques, mais Goethe est celui qui écrit le mieux. C'était la deuxième fois que je lisais ce chef-d'oeuvre et sa qualité en est augmentée lors d'une relecture. Alors, je crois bien que j'en ferai une troisième dans un avenir pas si lointain.

Pour l'histoire en tant que telle, le récit est trop court pour que j'en fasse le résumé. J'en dirais trop sinon...

vendredi 20 janvier 2012

Le portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde



Ma note: 8/10

Voici la quatrième de couverture: Le héros de l'unique roman d'Oscar Wilde doit rester éternellement jeune : son portrait seul sera marqué progressivement par le temps, les vices, les crimes, jusqu'au drame final. Dans ce chef-d'oeuvre de l'art fin de siècle (1890), l'auteur a enfermé une parabole des relations entre l'art et la vie, entre l'art et la morale, entre le Bien et le Mal. Les apparences du conte fantastique, et du roman d'aventures, où le crime même ne manque pas, fascinent le lecteur ébloui par les dialogues étincelants de l'auteur de théâtre, les paradoxes de l'esthète, la phrase du poète. La tragédie vécue par l'écrivain, le bagne, le déshonneur, la mort prématurée laissent ainsi, lisse et pur, son roman unique.

Oscar Wilde est surtout connu pour son théâtre et "Le portrait de Dorian Gray" est le seul roman qu'il a écrit. Il fait un peu moins de 400 pages. J'ai bien aimé mais par contre, ce n'est pas le chef-d'oeuvre que j'attendais.

Le sujet principal de ce roman, c'est l'art. La préface écrite par Wilde est éloquente à ce sujet, parce que ses impressions sur l'art nous sont partagées. En seulement deux pages de préface, il nous dévoile sa vision de l'art et cela entraîne un petit traité philosophique sur la question de l'esthétisme (si on la lit de cette manière). La préface nous amène quantité de phrases percutantes et le corpus de ce roman aussi, tout compte fait. Ce n'est pas un roman fleuve où l'on se fait une idée du propos après 900 pages (Comme les romans du réalisme nous l'offrent souvent, on a juste à penser à Jonathan Franzen, Tolstoï, etc.). Non, ici le texte est ramassé et les phrases incisives sont fréquentes.

Selon moi, le personnage principal de l'ouvrage est le tableau lui-même. Tout tourne autour de cet objet (?!?) et les passages les plus intéressants du roman mettent en scène ce tableau.

Même si je n'ai pas été ébahi par ce livre, Wilde traite d'une façon intelligente le genre fantastique. Le thème de l'art étant omniprésent, on se retrouve avec plus qu'une simple histoire fantastique, comme plusieurs auteurs de notre temps en écrivent. Wilde écrit bien, la construction est classique et le bouquin nous rappelle quelque peu le théâtre. Comme tout bon classique, les scènes se succèdent avec un ordre précis et les dialogues sont nombreux.

Alors, pour un premier (et seul) roman, cet écrivain maîtrise parfaitement le genre mais aussi son propos. La prose se situe parfaitement à la frontière du 20e siècle. Et donc, ce livre est davantage actuel que les classiques du 19e siècle.

mardi 17 janvier 2012

La classe de neige, Emmanuel Carrère



Ma note: 7/10

Voici la quatrième de couverture: Dès le début de cette histoire, une menace plane sur Nicolas. Nous le sentons, nous le savons, tout comme il le sait, au fond de lui-même l'a toujours su. Pendant la classe de neige, ses peurs d'enfant vont tourner au cauchemar. Et si nous ignorons d'où va surgir le danger, quelle forme il va prendre, qui va en être l'instrument, nous savons que quelque chose est en marche. Quelque chose de terrible, qui ne s'arrêtera pas.

Comme je l'écrivais lors d'une précédente chronique, j'avais déjà lu "La classe de neige" il y a une dizaine d'année. Je ne m'en souvenais plus et c'est lors de ma lecture de l'excellent "Limonov" que ce fait m'est revenu à la mémoire. Le léger souvenir qui m'en restait était celui d'un roman assez éteint, banal et à limite de l'inutilité. Sans aller aussi loin lors de ma deuxième lecture, je ne crois pas que ce soit un grand roman. En tout cas, pas autant que les critiques, en général, l'ont affirmés.

Inspiré de "L'adversaire", que Carrère avait cessé d'écrire pour se concentrer sur "La classe de neige" (pour ensuite terminer l'écriture de cet "Adversaire"), le roman se passe presqu'au complet lors des vacances du petit Nicolas. On suit ses tourments et ainsi, la folie de son père nous est dévoilée, entre autres, avec l'inconscient du petit Nicolas qui refait surface sous forme de peur. Les moqueries des autres jeunes lors de la classe de neige y sont aussi pour quelque chose. Donc, pendant les 170 pages de ce roman, on assiste à cette classe de neige qui peu à peu, devient inquiétante pour tout le monde.

L'ambiance qu'a créée Carrère soutient à elle seule ce récit. C'est sans contredit la plus grande qualité du livre. Il y a un sentiment d'étouffement qui nous parvient grâce à la plume bien maitrisée de Carrère mais aussi, pour l'action et les situations judicieusement choisies par l'auteur, pour justement créer ce sentiment d'enfermement. Mais sinon, c'est un roman bien mince, souvent inintéressant et aussi pâle que la neige.

Donc, pour terminer, malgré de belles qualités stylistiques, en général, on s'ennuie lors de notre lecture. Par contre, le lien qu'on peut tracer dans l'oeuvre de Carrère, avec ce livre, nous permet d'apprécier la profondeur, sur le long terme, de l'oeuvre de cet écrivain français. "La classe de neige", c'est un peu le prélude de "L'adversaire", ou plutôt un complément à ce très grand livre.

dimanche 15 janvier 2012

Un roman russe, Emmanuel Carrère



Ma note: 7,5/10

Voici la quatrième de couverture: « La folie et l’horreur ont obsédé ma vie. Les livres que j’ai écrits ne parlent de rien d’autre. Après L’Adversaire, je n’en pouvais plus. J’ai voulu y échapper. J’ai cru y échapper en aimant une femme et en menant une enquête. L’enquête portait sur mon grand-père maternel, qui après une vie tragique a disparu à l’automne 1944 et, très probablement, été exécuté pour faits de collaboration. C’est le secret de ma mère, le fantôme qui hante notre famille. Pour exorciser ce fantôme, j’ai suivi des chemins hasardeux. Ils m’ont entraîné jusqu’à une petite ville perdue de la province russe où je suis resté longtemps, aux aguets, à attendre qu’il arrive quelque chose. Et quelque chose est arrivé : un crime atroce. La folie et l’horreur me rattrapaient. Elles m’ont rattrapé, en même temps, dans ma vie amoureuse. J’ai écrit pour la femme que j’aimais une histoire érotique qui devait faire effraction dans le réel, et le réel a déjoué mes plans. Il nous a précipités dans un cauchemar qui ressemblait aux pires de mes livres et qui a dévasté nos vies et notre amour. C’est de cela qu’il est question ici : des scénarios que nous élaborons pour maîtriser le réel et de la façon terrible dont le réel s’y prend pour nous répondre. »

Tout au long de ma lecture, je sentais un léger désappointement. Premièrement, la critique était très favorable à ce roman et même après le succès de "Limonov", plusieurs recommandaient plutôt la lecture d'Un roman russe. Mais surtout, je sens dans cette aventure de Carrère, qui est celle d'écrire son autobiographie (parce que c'est bien d'une autobiographie dont on parle), une volonté d'épater la galerie, et donc, les jurés de prix littéraires. Avec ce livre, réussi mais sans plus, j'ai vraiment senti que l'auteur voulait gagner un prix prestigieux.

Entre autres, parce que l'histoire et la langue vont dans plusieurs directions. Parfois écrit à la deuxième personne du singulier (ou presque), les récits se mêlent, s'entremêlent, se déplacent dans l'espace, le temps, etc. On croit que c'est un livre sur sa relation avec Sophie (sa conjointe) pour s'apercevoir que c'est peut-être plus un livre sur sa mère ou plutôt écrit pour sa mère. Enfin, plus globalement, je crois que c'est un récit familial, comme la littérature nous en offre souvent.

Ce n'est pas un mauvais bouquin, loin de là. Mais je m'attendais à plus. J'avais été enchanté par "Limonov" et paralysé par "L'adversaire". J'attendais donc qu'Un roman russe me procure un peu le même effet extrême si rare en littérature.

Certains passages sont plus réussis que d'autres. Parfois, on ne veut pas lâcher le livre mais à d'autres occasions, il nous tombe des mains.

Aussi, en terminant, il nous permet de voir le fil conducteur de l'oeuvre de cet écrivain. Écrit un peu en réponse à "L'adversaire", et même s'il a été écrit avant "Limonov", il porte le nom "russe" qui elle (la Russie) est abondamment discutée dans le livre sur Edouard Limonov. Alors, l'oeuvre de Carrère est peut-être inconsciente. En tout cas, c'est une piste qui est effleurée dans "Un roman russe". Et maintenant, pour poursuivre avec l'oeuvre de Carrère, j'entame "La classe de neige".

vendredi 13 janvier 2012

L'identité, Milan Kundera



Ma note: 8/10

Voici la quatrième de couverture: Confondre l'apparence physique de l'aimée avec celle d'une autre. Combien de fois il a déjà vécu cela! Toujours avec le même étonnement: la différence entre elle et les autres est-elle donc si infime ? Comment se peut-il qu'il ne sache pas reconnaître la silhouette de l'être le plus aimé, de l'être qu'il tient pour incomparable ?

C'est un autre bouquin de Kundera paru lors de sa période française. Lui aussi très court, 160 pages seulement, "L'identité" est construit un peu différemment des autres romans de cet auteur, en ce sens qu'il est un peu plus conventionnel. Milan Kundera ne met pas son récit sur pause pour nous entretenir de différents sujets philosophiques (et autres), mais construit plutôt son roman comme les autres romanciers le font, en ayant une histoire fictive du début jusqu'à la fin.

Les idées qui nous sont partagées proviennent soit du récit en tant que tel ou d'un personnage du roman, le trotskiste, une connaissance de Chantal, le personnage principal.

J'ai beaucoup aimé ce livre. Pour sa période français, je crois qu'il est le plus réussi. Ce genre de petit récit (parce que c'est davantage une novella qu'un roman) se prête mieux en récit conventionnel (comme je l'expliquais plus haut) qu'en ayant une intention trop grande de propager des idées (comme ce fût le cas pour "La lenteur" et "L'ignorance").

Malgré le pessimisme de Kundera (ce pessimisme qui se dégage très fortement dans ses romans), ici il y a une légère lumière qui jaillit. Mais je ne vous dis pas où (dans l'histoire). À vous de tirer vos conclusions...

mercredi 11 janvier 2012

L'aveuglement, José Saramago



Ma note: 7,5/10

Voici la quatrième de couverture: Un homme devient soudain aveugle. C'est le début d'une épidémie qui se propage à une vitesse fulgurante à travers tout le pays. Mis en quarantaine, privés de tout repère, les hordes d'aveugles tentent de survivre à n'importe quel prix. Seule une femme n'a pas été frappée par la « blancheur lumineuse ». Saura-t-elle les guider hors de ces ténèbres désertées par l'humanité ?

C'est plus qu'un vulgaire thriller. C'est plus aussi qu'un banal récit qui met en scène une épidémie. C'est une véritable allégorie sur notre monde. Sur la connaissance qui se fait rare. Sur l'humain qui devient aveugle.

José Saramago est un nobélisé de littérature. Sa plume est originale, parce que très dense mais aussi très fluide. En plus, les virgules sont abondantes, les dialogues intégrés au texte sans aucun saut de paragraphe, non plus de ponctuation standard. C'est un peu le contraire d'un Cormac McCarthy qui utilise des "et" à la place de la virgule. Ici, avec l'auteur Portugais, la virgule fait foi de tout. Malgré une belle qualité de la prose chez José Saramago, j'accroche plus avec McCarthy.

Quant à l'histoire en tant que telle, j'ai été un peu déçu. J'avais déjà vu le film tiré de ce roman et cela a quelque peu diminué mon plaisir de lecture. Le film avait très bien été adapté et l'intrigue est donc la même, avec la même action et les mêmes situations. L'allégorie qu'on en dégage est certes fabuleuse (je n'avais jamais lu une histoire où les personnages deviennent aveugles et à ma connaissance c'est la première fois que cela se fait) mais au-delà de ce constat, l'histoire est plus ou moins intéressante.

Alors, pour terminer, je crois que je lirai d'autres livres de José Saramago. Il se disait pessimiste et sa prose, son style et le récit abondent en ce sens. Le roman est étouffant, l'humain est barbare et la vie se conjugue seulement au présent. Pour le meilleur, mais surtout pour le pire...

dimanche 8 janvier 2012

Une histoire d'amour et de ténèbres, Amos Oz



Ma note: 8,5/10

Voici la quatrième de couverture : " Tu veux jouer à inventer des histoires ? Un chapitre chacun ? Je commence ? Il était une fois un village que ses habitants avaient déserté. Même les chats et les chiens étaient partis. Et les oiseaux aussi... " Le petit garçon qui joue ainsi à inventer des histoires à la demande de sa mère est devenu un grand romancier. Sa mère n'est plus là, mais il tient malgré tout à poursuivre la relation de l'existence tumultueuse de sa famille et de ses aïeux. Son récit quitte donc le quartier modeste de Jérusalem où il est né, remonte le temps, retourne en Ukraine et en Lituanie, et fait revivre tous les acteurs de cette tragi-comédie familiale, qu'ils soient prophète tolstoïen, séducteur impénitent, mauvais poète, kibboutznik idéaliste ou vrai savant. Leurs vies sont parfois broyées par la grande Histoire - l'Europe les rejette, l'Orient se montre hostile - et toujours marquées par leurs propres drames intimes, illusions perdues et rêves avortés. Au cœur d'une narration riche, d'une ampleur et d'une puissance romanesques jusque-là inconnues dans l'œuvre d'Amos Oz, la disparition tragique de la mère demeure la question à laquelle ce roman cherche une réponse. Une histoire d'amour et de ténèbres est un livre bouleversant où la vie d'un peuple et la vérité d'un homme se confondent.

C'est le premier livre que je lisais de ce grand auteur, souvent pressenti pour le prix Nobel de littérature. Même après une seule lecture, je crois qu'il le mérite amplement ce Nobel.

Vous aurez compris que "Une histoire d'amour et de ténèbres" n'est pas tout à fait un roman comme il est écrit sur la couverture. C'est l'autobiographie de l'auteur mais racontée comme un roman (enfin, presque comme un roman). Fondamentalement, c'est un livre qui traite de la famille, mais l'auteur nous transporte aussi sur les terrains historique, sociologique, politique, philosophique et littéraire. Il nous montre la grande culture littéraire de sa famille et ainsi, les références à Tolstoï, Kafka et autres monstres littéraires sont légions.

Amos Oz nous raconte principalement sa jeunesse. On pourrait dire que c'est seulement le premier tome d'une autobiographie. En ce sens, ce bouquin m'a rappelé "Les mots" de Jean-Paul Sartre, mais en plus long (il fait quand même au-delà de 500 pages) et en meilleur aussi. Parce que, croyez-moi, c'est un grand récit littéraire que nous livre cet écrivain. On reste accroché. On ne veut le lâcher sous aucun prétexte tant la qualité de la plume et de la narration est renversante. En plus, si vous aimez en apprendre sur l'histoire (au sens large), vous serez comblé.

Finalement, malgré quelques petites répétions, notamment parce que l'auteur revient toujours sur son enfance, c'est un livre où l'on ne s'ennuie pas, où l'on en apprend beaucoup sur cette culture (juive, principalement) et surtout, qui se lit rapidement et avec intérêt. J'ai aimé. Je vous le conseille.

mardi 3 janvier 2012

Les travailleurs de la mer, Victor Hugo



Ma note : 7,5/10

Voici la quatrième de couverture: Pour pouvoir reconstruire un nouveau bateau à vapeur après le naufrage de La Durande, il faudrait sauver la précieuse machine du navire dont le constructeur est mort. Donc qu’un homme seul, matelot mais aussi forgeron, ait l’audace de se risquer plusieurs jours jusqu’aux rochers Douvres où repose l’épave – et d’affronter la mer. L’homme qui accepterait ce péril seraitplus qu’un héros. «Je l’épouserais», dit alors Déruchette, la nièce de l’armateur. Et parce qu’il s’est épris de la jeune fille, Gilliatt va tenter l’entreprise. Mais suffit-il d’une idylle pour construire un roman d’amour ? Celui-ci en tout cas ne saurait bien finir, car le cœur humain, dit Hugo, est une «fatalité intérieure». Les Travailleurs de la mer, dont l’action se déroule dans l’archipel de la Manche, est d’ailleurs aussi bien un roman d’aventures, à l’époque de la machine et de la révolution industrielle, que la fable épique d’un homme seul face aux éléments. Et bien avant de le faire paraître en 1866, Hugo n’avait pas sans raison choisi de l’intituler L’Abîme.

C'est une véritable leçon d'écriture que nous sert le grand Victor Hugo avec ce roman. Encore une fois, il ne montre pas, mais il décrit. Les descriptions sont prodigieuses et le vocabulaire est d'une richesse inégalée. À chaque page, plusieurs mots nous sont inconnus et parfois, ils ne sont même pas dans le dictionnaire. Aussi, à chaque page, il y a plusieurs phrases qui marquent, qui sont proches de la philosophie. Hugo veut écrire plus que de simples romans. Et il y arrive.

De son propre aveu, "Les travailleurs de la mer" est son roman sur la nature. Et cela paraît. Le véritable personnage principal est la nature elle-même. La plupart des descriptions ont pour cadres cette nature qui semble si chère à l'auteur. Il a écrit ce roman durant son exil et c'est ni plus ni moins qu'un hommage à sa terre d'adoption.

Par contre, j'ai eu quelque difficulté avec ce bouquin. Premièrement, il est difficile d'approche parce que des pans entiers nous sont incompréhensibles, ou presque. C'est certainement une des lectures les plus difficiles qu'il m'ait été donné de faire. Malgré de courts chapitres, le récit va un peu dans tous les sens et si ajoute à cela un vocabulaire difficile et une faible intrigue, le roman dans son ensemble n'est vraiment pas fait pour tous.