samedi 20 août 2011

Les chaînes de l'avenir, Philip K. Dick



Ma note: 7,5/10

Voici la quatrième de couverture: Jones prévoyait l'avenir. Non pas à la façon vague d'un diseur de bonne aventure, mais de manière précise, dans tous ses détails. Il se souvenait de l'avenir. L'ennui, c'était que son don était limité à une année. Et le drame, c'était qu'il ne pouvait rien changer à ce futur certain. Il savait ce qui allait lui arriver. Et ce qui allait arriver à toute l'humanité en un temps où d'étranges créatures, les dériveurs tombaient de l'espace interstellaire sur toutes les planètes du système solaire, y compris la Terre. De quoi devenir un Prophète, un Messie, bouleverser l'ordre déjà ébranlé d'une Terre mal en point et la charger des chaînes de l'avenir. Pour l'Éternité ?

Voici donc le deuxième roman de Philip K. Dick à être édité. Il vient tout de suite après "Loterie solaire" et il semble souffrir des mêmes défauts, même s'il n'est pas mal du tout. Par contre, la plupart de ses oeuvres subséquentes seront mieux.

Alors, bien que l'histoire de base soit intéressante, "Les chaînes de l'avenir" a quelque peu de difficulté à prendre son air d'aller. Le tout se développe tant bien que mal et l'histoire ne parvient jamais vraiment à se former en un tout cohérent. On voit très rapidement que ce roman est dans les premiers que K. Dick a écrit. C'était le début, la formation d'un écrivain qui allait devenir un incontournable de la littérature de science-fiction.

Comme pour "Loterie solaire", on est dans un monde totalitaire. Mais contrairement à ce dernier, ce n'est pas une société régie par le hasard dont nous invite Dick mais plutôt basée sur le Relativisme. C'est donc un système politique où chaque citoyen peut aimer ou faire ce qu'il veut mais ne peut l'imposer aux autres. D'où le nom "relativisme" où tout est relatif à chaque personne. Au premier abord, cela semble être la perfection sociale mais dans le monde des "chaînes de l'avenir", les gens sont donnés en pâture aux travaux forcés pour un rien. Ils ne peuvent rien dire ou presque parce qu’ils ne peuvent imposer leurs goûts. Ainsi, par exemple, ils ne peuvent dire que Bach est le meilleur compositeur (cet exemple n'est pas dans le roman, c'est seulement pour vous expliquer le Relativisme). Ils ne peuvent encore moins fonder une religion, une nouvelle manière de penser, etc. Le monde devient une vaste prison à ciel ouvert où chacun doit s'en tenir à soi-même.

Avec de bonnes idées comme cela, "Les chaînes de l'avenir" auraient pu devenir un chef-d'oeuvre. Mais la construction du récit a des failles, tout comme la plume encore immature de l'auteur.

Finalement, pour résumer brièvement, on peut dire que c'est un bon livre. Mais certainement pas dans les bons de Philip K. Dick. Malheureusement.

1 commentaire:

  1. C’est seulement à la relecture que j’ai pu approcher la profondeur de ce livre, qui nous parle de l’homme face à ses idéaux et de l’incertitude qui leur est liée. L’étude des relations de couple y tient aussi une place importante.
    Deux histoires sont liées dans ce livre, celle de Cussick, l’agent de la Securitate qui découvrit Floyd Jones, un mutant capable de lire dans l’avenir collectif qui deviendra le dictateur absolu. Et celle d’étranges petits hommes adaptés en laboratoire à la vie sur vénus.

    Plusieurs éléments décrits par K.Dick ont attirés mon attention :
    -un autre livre « Les principes du relativisme » de Hoff, qui peut être résumé ainsi : toute les idées se valent et ne valent pas la peine de se battre. Cette simple idée bien que très pacifiste conduit les masses à une dépression collective. Le monde du relativisme « est un monde mort » ou il n’y a plus de place pour l’utopie. Cette réflexion nous amène à ce terrible dilemme L’Homme est il condamné à l’ennui d’un monde sans utopie ou aux malheur de la guerre.
    -Les dériveurs, sortes de paramécie géantes sans intelligence qui pleuvent sur terre, (les choses sont un peu plus complexes mais je ne tiens pas à dévoiler trop de l’intrigue de ce livre). Il est à noter que l’Homme malgré la technologie ne peut rien contre les forces primitives de la vie.
    -Le pouvoir de Jones, (chronologiquement il ne semble pas être une mutation due à la guerre il peut lire l’avenir) il souffre cruellement de son pouvoir car il condamne à la solitude et au désespoir d’autant plus que la plupart les individus sont à ce point égoïste que connaître l’avenir de la société n’intéresse finalement personne
    -Les petits hommes (c’est une appellation personnelle pour des mutants conçu en laboratoire) C’est un thème récurent de la SF, si on ne peut terra former une planète on peut changer l’homme pour l’adapter à un nouvel environnement. La question qui en découle est alors toujours la même, l’homme transformé est il toujours un Homme ?
    Les petits hommes vont progressivement abandonner toute technologie propre à notre civilisation pour développer la leur, car l’environnement conditionne la culture. Sur Venus, monde nouveau, les petits hommes vont créer une civilisation pleine d’espoir et qui leur ressemble car leur planète est neuve tandis que la notre vouée au chagrin à été détruite par la guerre.

    L’homme face au système
    Nina qui rêvait de liberté s’empressera de devenir elle une force de propagande (le conditionnement des masses détruit la liberté de penser) dès que viendra l’avènement de Jones. Comme l’écrivait Nietzche, « les plus grandes victimes font les meilleurs bourreaux. »
    Finalement toutes les utopies conduisent au malheur et au massacre. Il n’existe qu’un bonheur individuel, tout le temps où le couple Cussick/Nina se perd dans considération générale il tisse son malheur, au lieu de s’aimer l’un l’autre.

    Le piège
    Quelque part tout le monde est pigé : Jones de ses capacités, la société dans ses aspirations déçues, L’humanité dans son système solaire, les petits hommes dans leur cage de verre et Nina est music par le système et dans leur couple (à la fin du livre également, dans leur cage de verre sur vénus).

    http://sfsarthe.blog.free.fr

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