mardi 17 mai 2011

Résurrection, Tolstoï



Ma note: 8/10

Voici la quatrième de couverture : Tolstoï entame une enquête immense, descend dans l'enfer putride des prisons, scrute les détenus, polémique avec les " idéologues " révolutionnaires, interroge le peuple. Résurrection se veut un roman total, mais cette fois-ci le Tolstoï millénariste refuse la durée et exige tout tout de suite : le salut total de la création. C'est peut-être ce qui fait de Résurrection, paru quand naissait le XXe siècle, un signe avant-coureur des grands soubresauts millénaristes de notre siècle à nous.

C'est certainement le roman de Tolstoï le plus facile à lire (c'est aussi son plus court) et contrairement à "Anna Karénine" ou "Guerre et paix", on ne se perd pas dans celui-ci. On suit, en général, qu'un seul personnage et sa quête pour rétablir une erreur de son passé. C'est donc un roman sur la rédemption, coûte que coûte et sur les conséquences que peuvent avoir nos gestes. Aussi bien nos actions conscientes qu'inconscientes.

On dit de "Résurrection" qu'il commence comme un récit privé, intime et qu'il finit comme une grande fresque sur la Russie, la chrétienneté et même sur le salut du monde. On dit qu'il commence microscopiquement pour finir avec une vue d'ensemble sur la société, sur la vie. Personnellement, je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce constat que lui prête la majorité des critiques littéraires du 20e siècle. Ce roman reste un récit intime. Même s'il semble se dresser en drame social à grand déploiement (au fil du récit), je crois qu'on est constamment sur les traces du personnage principal et de sa quête, sa rédemption. Ce que j'ai lu, tout au long du récit, est la relation de cette homme avec la femme qu'il essaie de sauver mais surtout, avec lui-même. Il essaie de se sauver lui-même et la fin est explicite sur ce sujet, en tout cas sur ce qu'il trouve comme salut.

Avec un style impeccable et des descriptions précises et justes, Tolstoï nous livre un grand roman de fin de siècle (1899). "Résurrection" a longtemps été jugé comme le plus faible de ses romans mais il est de plus en plus réhabilité. Et pour cause! C'est une histoire beaucoup plus puissante qu'elle ne paraît au premier abord et l'écriture est tout simplement parfaite. Sans être le chef-d'oeuvre de cet écrivain hors pair, on peut dire sans se tromper qu'il constitue une lecture essentielle, ne serait-ce que pour ajouter un peu plus d'humanité dans ce monde qui en a de moins en moins.

1 commentaire:

  1. Intéressante critique ! Je suis partagé par rapport au fait de considérer ce récit comme « intime ». Je crois plutôt que Tolstoï a su être ingénieux car selon qui lit le récit, se lira également une tranche différente de l'histoire qui s'y déroule. Personnellement, j'ai trouvé que le récit intime (Nekhlioudov et Maslova) est une ruse bien façonnée pour nous parler de la Russie de l'époque, pour nous présenter la Russe en fresques de séquestrés. En même temps, c'est également un récit intime car on suit, comme vous dites, la relation d'un homme avec sa bien-aimée, d'un homme avec lui-même.

    Le génie de Tolstoï se ressort à cet égard, à mon avis.

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