Ma note:
8/10
Voici la présentation de l'éditeur: Il était une fois... un chien. Il s'appelait Perkun et appartenait à un compagnon meunier de Lituanie qui avait trouvé du travail à l'embouchure de la Vistule. Perkun survécut et engendra Senta. Senta engendra Harras. Harras couvrit la chienne Thekla qui engendra Prinz. Et Prinz, offert pour son anniversaire au Führer et Chancelier du Reich, parut aux actualités. Quand trois hommes, deux femmes, et une lignée de chiens survivent à une avant-guerre, une guerre et une après-guerre, la chronique de leurs expériences prend une allure d'épopée.
Günter Grass est le prix Nobel de littérature de 1999 entre José Saramago et Gao Xingjian. C'est la première fois que je le lisais, je découvre donc un grand écrivain admiré des plus grands. Sa plume m'a frappée tout de suite, dès les premières pages. Elle est foisonnante, hermétique, érudite, parfois poétique et aussi, cruelle pour le lecteur. Elle est dense comme la plupart des écrivains allemands, parce que, notamment, cela fait partie intrinsèque de la langue allemande. Une cascade de mots. Son style, bien qu'éloigné du réalisme magique, m'a fait penser à Gabriel Garcia Marquez. Son style éclaté, sa poésie. Et comme Garcia Marquez, ce livre de Günter Grass est extrêmement difficile d'approche.
En effet, c'est un des romans les plus difficiles à saisir que j'ai lu. Il est divisé en trois parties. Dans la première, la plus difficile à lire, l'auteur fait un emploi fréquent de métaphores. Elle traite d'épouvantails, de chiens. On est dans l'avant-guerre, on sent une tension monter, l'ambiance est inquiétante. Dans la deuxième partie, le roman devient beaucoup plus intéressant. Cette partie est écrite sous forme de lettres, pour la cousine Tulla, la prose commence à nous éclairer sur l'horreur du nazisme. Cette partie est la plus facile, la mieux écrite, surtout pour un lecteur contemporain. Dans la troisième partie, on est dans l'après-guerre et Grass revient avec une forme un peu plus classique au début pour ensuite recommencer à jouer avec elle, à se jouer de nous. Si l'on a lu sur cette époque et sur ce thème (l'histoire du nazisme, Hitler, etc.) on peut saisir un peu mieux le propos, qui lui, est enveloppé d'un voile littéraire difficilement pénétrable.
L'auteur semble avoir une obsession pour les animaux, il s'en sert pour les métaphores, les allégories, les analogies, etc. Prenant une place tellement importante, on croirait par moments qu'ils remplacent les humains. Et avec le thème du nazisme comme point central, cela s'imbrique tout seul, en toute logique. Et à la fin de tout cela, ce qui reste, c'est que le chien du Führer est plus important à ses yeux que son peuple. Normalement, l'épouvantail chasse les oiseaux, mais ici, c'est le nazisme qu'il semble éloigner.
En conclusion, malgré les grandes qualités de ce roman, l'auteur reste tellement en périphérie du sujet que l'on en vient par lâcher prise, ou à tout le moins par s'ennuyer pendant de longs moments. C'est un énorme défaut qui porte ombrage sur ses qualités indéniables. La deuxième partie est de loin, selon moi, supérieure aux deux autres. Elle constitue un bon roman à elle seule. De plus, les points de repère historiques sont nombreux et l'on est en plein dans la Deuxième Guerre mondiale. Dans la troisième partie, la paix revient et avec elle, les questionnements sur la philosophie, la métaphysique, l'étant, l'être, le non-être et Heidegger. Finalement, dans l'ensemble, je peux dire que c'est un bon drame en trois actes, écrit sous une forme littéraire éclatée au possible.
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