Ma note :
8,5/10
Voici la quatrième de couverture: En 1900, une révolte éclate sur le chantier de la voie ferrée construite par les Allemands à travers le Shangdong. Autour de Meiniang, la plus belle fille du canton de Gaomi, se nouent les destins de quatre hommes : son père, Sun Bing, chanteur d'opéra traditionnel à voix de chat et héros rebelle, son mari Petit-Jia, boucher stupide et rêveur, son amant le sous-préfet Qian Ding et son beau-père Zhao Jia, bourreau officiel, dignitaire de l'Empire. Le sous-préfet est contraint d'arrêter le chanteur rebelle et de le livrer à la plus cruelle des tortures, le supplice du santal. Parce qu'il considère cette mise à mort comme le couronnement de sa carrière, le bourreau, Zhao Jia, met tout son soin à la préparer, rappelant à son souvenir toutes les sentences qu'il a exécutées, mettant en scène le dernier spectacle. Bâti comme un opéra classique, lyrique et virtuose, ce livre des supplices dépeint les derniers feux de l'univers traditionnel chinois. La mort de l'empire Qing méritait ce traitement grandiose. Dans un savoureux mélange de violence et de tendresse, d'humour féroce, de truculence et de noirceur, se découvre à nouveau le goût prononcé de Mo Yan pour les jeux de contraste. Son art est renouvelé de plus belle, plus affirmé que jamais. Il allie, avec un brio extraordinaire, la profondeur d'une réflexion universelle et la modernité d'une forme littéraire surprenante.
Mo Yan écrit comme un dieu. Pourtant, j'avais peur ! Peur que le Nobel de littérature ait récompensé pour une des premières fois un romancier moins talentueux et qu'il voulait absolument le donner à un Chinois étant donné qu'il est le premier originaire et résident de la Chine à recevoir ce prestigieux prix. De plus, les critiques ont été sévères à son endroit lorsqu'il a reçu le prix, notamment celles d'Herta Müller. Elle l'accusait de plier face aux autorités chinoises. En fait elle semblait vouloir censurer un auteur qui vit dans un pays où la censure sévit.
Pour ma part, je ne me soucie pas de quelle censure un auteur peut être victime. Tout le monde est soumis à une certaine censure et comme le disait Mo Yan, la liberté d'expression n'est jamais totale. Un écrivain est bon ou ne l'est pas. Et Mo Yan en est un exceptionnel. Il ne limite pas son esthétique (du roman) à son style d'écriture, mais nous offre avec "Le supplice du Santal" un roman à la forme recherchée. Différents narrateurs nous sont présentés et au coeur du roman un narrateur omniscient - même si l'auteur lui-même affirme que ce n'est pas vraiment un narrateur omniscient mais davantage une voix orale et populaire - qui développe un drame social dans un univers, au début et à la fin, plus personnel et intime. On pourrait ainsi le rapprocher du "Résurrection" de Tolstoï qui lui, avait raconté une histoire intimiste au début de son roman et cela débouchait sur un récit social.
Ce roman est opéra, il se rapproche aussi un peu du réalisme magique de Garcia Marquez mais avec la saveur chinoise et comme l'écrivait le comité du Nobel, la littérature de Mo Yan nous offre un réalisme hallucinatoire. Le roman est écrit pour le peuple selon l'auteur lui-même, et personnellement, il est un des romans les plus imaginatifs et profonds que j'aie lus. Mais par-dessus tout, c'est sa plume qui marque. Les métaphores se rapportant aux animaux donnent une couleur rarement vue dans la littérature occidentale et Mo Yan réussit là où la plupart des auteurs échouent, c'est-à-dire à nous livrer un roman foisonnant et merveilleusement écrit. C'est du grand art !
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