samedi 13 octobre 2012

Le Dieu manchot, José Saramago




Ma note: 6,5/10

Voici la quatrième de couverture: Roman épique, fresque truculente de la cour lusitanienne au XVllle siècle sous le règne de Joao V - dit le Magnanime - Le Dieu manchot nous conte les dernières heures de la splendeur du royaume portugais, juste avant le tremblement de terre qui détruisit Lisbonne en 1755. Le soldat manchot Sept-Soleils, le moine Bartolomeu de Gusmao, la sorcière voyante Blimunda, autant de personnages pittoresques évoluant autour d'un Roi malheureux de ne pouvoir assurer sa descendance... Que ne faudrait-il inventer pour qu'il échappe à cette terrible malédiction ? A mi-chemin entre la fable blasphématoire et le roman historique, ce récit trace le portrait d'un Portugal mythique, revisité par l'un des plus grands auteurs contemporains.

Voici un roman très difficile d'approche. L'écriture est dense, l'intrigue discontinue, les personnages difficilement saisissables, le genre historique charcuté et, en somme, l'auteur se joue de nous. Si l'on perd le moindrement le fil de l'histoire - comme cela m'est arrivé - on ne peut pas vraiment s'en sortir. Encore une fois, Saramago remplace la ponctuation typique du dialogue par une virgule et les sauts de paragraphes sont rares. Aussi, le vocabulaire de l'auteur est extraordinaire. Cela est habituellement une qualité, mais ici, rien n'est moins certain.

Tout ceci m'aurait convaincu si l'on était dans un roman fraîchement contemporain. Donc, où le bât blesse, c'est le genre historique de ce roman. Déjà que je ne suis pas le plus grand lecteur de ce genre, Saramago ajoute sa prose difficile d'approche et donc, je suis perdu. Par moments, il nous laisse entendre qu'il écrit - et que nous sommes - bien au 20e siècle, par de légers clins d'oeil amusants, mais cela ne rachète pas la complexité et surtout, la lourdeur de l'oeuvre.

J'ai rarement lu un roman qui se rapproche de celui-ci. Les comparaisons sont donc difficiles. Par contre, je sortais du "Voyage de l'éléphant" de ce même Saramago et les parallèles à faire sont nombreux. On est à peu près dans le même Portugal, la plume de l'auteur prend les mêmes procédés stylistiques, le genre historique prend le dessus sur tout et les deux romans sont difficiles d'approche. Par contre, j'ai préféré "Le Dieu Manchot", parce que l'auteur ne commet pas l'erreur d'effleurer son propos, mais plonge plutôt en profondeur dans une histoire plus étoffée, plus riche et plus épique. Bref, en terminant, je ne pourrais pas dire que ce roman m'a déplu, mais je ne vous le conseillerais pas. Et ce n'est surtout pas le chef-d'oeuvre que nous promettait Albin Michel sur la couverture. Mais bon, ce n'est que mon humble avis.

2 commentaires:

  1. Je suis en train de lire "le Dieu manchot" et je me suis mise à chercher des "points de vue", des commentaires sur ce livre; je tombe sur le vôtre. Moi, j'aime beaucoup ce roman, et je trouve que c'est effectivement un "chef d'oeuvre", c'est-à dire un livre unique, un livre-somme, un "monde"à lui tout seul... Mais je connais le Portugal, et particulièrement Lisbonne, ce qui ajoute quelque chose, pour moi, à la dimension fascinante du livre; et par tempérament, par goût, j'aime le roman historique et le style "baroque"... Alors, là, je suis bien servie. Je lis cette histoire jour après jour en la savourant, je "m'enfouis" dans cet univers complètement démesuré, aussi bien dans le fond et que dans la forme - une langue exubérante, étouffante, surchargée, mais qui fait "revivre" cette époque disparue, restituée ici de façon mythique. Les descriptions nous entraînent parfois dans une sorte de folie, avec des pulsions de sexe, d'amour, d'ambition, de cruauté et de mort qui tranchent évidemment avec l'univers aseptisé, mû par la "langue de bois" et le "politiquement correct" qui est le nôtre. Les personnages, extravagants et pourtant profondément humains, entre réalisme et symbolisme, ont une dimension vertigineuse (cf le roi, par exemple, consommateur effréné de sexe, ou la reine, consommatrice insatiable de dévotions) et tout en eux est excessif. Mais surtout, derrière un fond historique incontestable, il y a les fantasmes, les rêves, et la puissance créatrice d'un grand écrivain, propres à subjuguer celui qui veut bien "marcher" dans l'aventure - où se trouvent quand même aussi parfois la tendresse,la fidélité (celle de Blimunda et Balthazar est exemplaire), la curiosité stimulante de l'homme, la force et l'obstination du génie (Lourenço), la patience pour survivre et la grandeur des humbles... En ce sens, nous y affrontons la quintessence du roman au sens premier du terme: une oeuvre qui raconte, qui séduit et qui fait rêver.

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  2. L`effet "baroque" joue au début mais apres une centaine de pages on tourne en rond et se met a souhaiter que ca finisse. Il y a aussi le coté "a la Marquez" qui dessert le bouquin si l`on a lu "Cent ans..." car celui-ci est bien meilleur dans le style baroque-flamboyant.

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