Ma note:
7/10
Voici la présentation de l'éditeur : Dernier livre de José Saramago, décédé peu après sa parution au Portugal et en Espagne. Caïn est sans doute le roman qui condense le mieux l'érudition, les inquiétudes, les convictions et le talent de conteur du grand écrivain portugais, prix Nobel de littérature. Résolument humaniste, furieusement anti religieux, d'un humour ravageur, Caïn est la reécriture libre d'une oeuvre -selon Saramago, de fiction-, la Bible, à partir de l'un de ses personnages les plus emblématiques du mal et premier meurtrier de l'histoire: Caïn. Qu’est-ce qui a poussé Caïn à tuer Abel ? L’envie, comme le disent les Écritures ? Non, répond Saramago : l’injustice de Dieu. Méprisé, rejeté, mal aimé du père céleste, Caïn le bon, le laboureur fidèle, s'est rebellé contre l'arbitraire et le favoritisme. Le coupable de la mort d'Abel, c’est Dieu. Condamné à errer sur la terre, Caïn, qui erre aussi dans le temps biblique, succombe aux charmes de Lilith, assiste et participe à des événements qui le révulsent et contre lesquels il s'insurge. Il arrête le bras d’Abraham, prêt à assassiner son propre fils, regarde épouvanté les enfants et les innocents périr dans le brasier de Sodome, assiste impuissant à la colère de Moïse passant au fil de l’épée les adorateurs du veau d’or, observe les massacres et les pillages perpétrés par les tribus d’Israel contre les Madianites, la prise de Jericho, les souffrances inutiles infligées à Job. Et lorsqu’avec Noé il monte dans l’arche supposée sauver l’espèce humaine, il prend une décision drastique qui mettra fin aux agissements inconsidérés de ce Dieu rancunier, cruel et corrompu. Caïn est, le roman de la lutte séculaire entre l'homme et Dieu, entre le créateur et sa créature.
Premier de cinq livres de Saramago que je lirai au cours des prochaines semaines, "Caïn" jouit d'une originalité sans bornes. Le seul livre de cet auteur que j'avais lu - et très apprécié - "L'aveuglement", était lui aussi original mais je ne sais pas si c'est habituel chez cet écrivain. Il semble que oui, et en plus d'un récit original, ces deux romans nous montrent la grande maîtrise stylistique de l'écrivain avec des sauts de paragraphes inexistants - ou presque - des dialogues intégrés dans la prose et précédés d'une virgule (accompagnés aussi d'une majuscule pour ne pas se perdre) et notre lecture est facilitée, avec une plume fluide, et un choix de mots vaste et judicieux. Il y aussi quelques aphorismes surprenants. Bref, José Saramago est un maître.
Ainsi, étant doté d'une capacité littéraire rare, il nous amène, avec "Caïn", dans des contrées littéraires que je n'avais jamais lues. On suit le fils d'Adam et Ève mais dans un monde où l'espace est vague et la temporalité préoccupante. La quatrième de couverture décrit bien ce récit qui est très différent de ceux dont nous a habitués la littérature et le roman. L'athéisme de Saramago fait surface à plus d'une occasion - même si cela est fait avec subtilité - et son pessimisme règne en roi et maître, notamment à la fin. C'est un court roman de moins de 200 pages, mais on a le temps d'être déçu par moments et enchanté par d'autres.
Cependant, pour terminer, ce qui a le plus nuit à ma lecture, est le manque de connaissances bibliques dont je souffre et cela m'a fait rater nombre de références qui semblaient intéressantes. Comme pour "L'aveuglement", ce "Caïn" est visiblement une allégorie sur notre monde mais moins puissante. Certes, il offre un agréable moment de lecture, cela se lit bien et rapidement, mais j'hésite à le classer parmi les très bons romans contemporains.
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