jeudi 20 juin 2013

V., Thomas Pynchon



Ma note: 4/10

Voici la quatrième de couverture: Que signifie V.? Victoire, vol d'oiseaux, ou encore Vheissu, un pays imaginaire et mystérieux? C'est la question que se pose Herbert Stencil depuis qu'il a repéré le fameux signe dans le journal intime de son père défunt. Très vite, V. devient une énigme aux nombreuses significations, une figure féminine aux multiples visages, la clé de voûte de la vaste réalité. Un récit vertigineux, dans le sillage de Kerouac et Joyce.

J'aime la littérature postmoderne. Les lecteurs de mon blog ne seront pas surpris de l'apprendre. Je reviens sans cesse à ce courant littéraire qui a une façon bien particulière de raconter une histoire. La forme de ses romans est éclatée, la métafiction est souvent présente, ses personnages (et surtout l'identité de ceux-ci) sont oubliés dans une histoire plus grande qu'eux et souvent présentés sous forme de simulacres, et ses sujets sont contemporains. Les écrivains ont une vision décalée de la société, à tout le moins ils nous présentent leurs points de vue en retrait d'une société sclérosée. Et parmi eux, Pynchon est celui qui, le premier, a poussé l'éclatement du récit le plus loin possible. Et ce "V." est la référence du postmodernisme. Il l'a tellement poussé loin que l'action devient vite absurde.

Un des nombreux problèmes de ce roman est que sa quatrième de couverture est meilleure que le roman en tant que tel. Notamment parce qu'il n'est pas du tout cohérent. C'est probablement le roman le plus difficile que j'ai lu. Il part dans tous les sens, l'écriture est parfois illisible, il n'y a aucun repère où l'on peut s'accrocher. Je pense que c'est la première fois, en toute humilité, que je lisais un auteur trop intelligent pour moi (même si j'avais déjà lu Pynchon). Je ne parviens pas vraiment à saisir la signification de sa structure romanesque. J'avais adoré "Contre-jour" même si lui aussi était difficile à comprendre, mais j'avais détesté "Vice caché" qui était mal traduit.

Encore une fois, pour "V.", la traduction cause problème. Pynchon écrit des romans à peu près intraduisibles. Je ne peux même pas dire que j'ai réellement lu ce livre, parce qu'il use d'une langue très américaine, à la limite du slang, parfois incompréhensible. En ajoutant une action incompréhensible pour moi, tout y était pour que je déteste. Par exemple, voici quelques situations (action) qu'on retrouve dans le roman "V.": en plus d'Herbert Stencil qui tente de trouver la signification de V, on a Berny Profane, l'autre personnage principal du roman, qui part à la chasse aux alligators dans les égouts de New York, on a aussi un prêtre qui est dans ces mêmes égouts et qui tente de convertir des rats, une ratte s'appelle Véronica (il y a un "V", vous avez vu?), il y a l'intrigue qui semble se diriger vers le Venezuela comme étant "V", une danseuse de ballet qui meurt sur scène, etc. Bref c'est un peu du n'importe quoi ce roman et en plus, les scènes ne sont pas cohérentes entre elles. Et que dire de la narration qui nous échappe complètement dans une foule de digressions fumeuses, inintéressantes, bancales, illogiques.

En terminant, il faut savoir que Pynchon est un auteur culte qui a sa légion de fans derrière lui. Je m'inscris, non en faux contre eux, parce que cela serait beaucoup trop prémédité, mais davantage en attente de voir s'il a un réel génie. Du courant postmoderniste j'apprécie plus un Paul Auster qui, même s'il se répète de livre en livre, parvient à rester dans le domaine du compréhensible, de la littérature intelligente et profonde. Don DeLillo que j'ai lu récemment est un autre bel exemple d'auteur postmoderniste qui réussit à me convaincre. Avec Pynchon, et surtout avec "V.", tout est trop gonflé, déjanté, hallucinatoire. Je n'ai rien retenu de ma lecture, c'est décevant.

2 commentaires:

  1. "...il n'est pas du tout cohérent. C'est probablement le roman le plus difficile que j'ai lu. Il part dans tous les sens, l'écriture est parfois illisible, il n'y a aucun repère où l'on peut s'accrocher. Je pense que c'est la première fois, en toute humilité, que je lisais un auteur trop intelligent pour moi..."

    >> C'est exactement ce que j'ai ressenti en lisant, du même auteur, "Vente à la criée du numéro 59". Je ne sais pas si c'est une question d'intelligence, mais je ne vois pas l'intérêt d'écrire un roman auquel seul une poignée de personnes peut comprendre quelque chose. Où est le plaisir de la lecture ?

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  2. En effet il n'y a aucun plaisir. Par contre pour ceux qui le comprennent, il doit y en avoir j'imagine. Cependant, j'avais trouvé "Contre-jour" très bien écrit.

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