Ma note:
7,5/10
Voici la quatrième de couverture: «Ce n'est pas tous les jours qu'on peut avoir entre les mains les confessions non trafiquées ou non réécrites d'un agent secret. Au contraire des fictions fantaisistes ou fantastiques qui sont données d'habitude en pâture à la crédulité du public, voici un livre de base, clair, simple, et qu'on espère aussi inquiétant qu'émouvant, aussi instructif que drôle. Le récit porte sur plusieurs points cruciaux de l'envers de l'histoire contemporaine : l'attentat, resté si mystérieux, contre le Pape, en 1981, à Rome ; les raisons profondes de la décomposition et de la recomposition de l'ancien équilibre du Mensonge et de la Terreur ; la redistribution, partout accélérée, des pouvoirs occultes ; la montée générale de la corruption, du crime organisé et du tout-marchandise (à commencer par le marché de la reproduction mécanique des corps humains). Un homme parle : on le voit dans sa vie intime sans cesse menacée ; affronté à ses supérieurs et souvent soupçonné par eux ; tentant de survivre dans la guerre implacable du Renseignement ; dévoilant enfin, avec une conviction étrange, les ressorts du monde violemment antinaturel dans lequel nous sommes désormais jetés.»
Cette quatrième de couverture a été écrite par Philippe Sollers lui-même et je ne crois pas que l'on pourrait faire mieux. Notamment parce qu'il n'y pas vraiment d'histoire dans ce roman et encore moins d'intrigues, donc un résumé est impossible à faire.
En littérature, une digression c'est le récit qui s'égare du sujet principal pour nous entretenir de sujets variés, intellectuels ou non. Ici, on ne peut pas appeler cela des digressions parce qu'il n'y a pas de sujet principal. Tout le roman est une digression et donc, on est davantage dans un flux de pensées, plus ou moins cohérent. Par moments, le bouquin m'a rappelé les romans d'Elfriede Jelinek, mais sans le début d'une histoire. Sollers est aussi beaucoup moins talentueux que la grande écrivaine qu'est Jelinek.
Alors, je ne pense pas qu'on soit dans l'art du roman avec ce livre. C'est plutôt, selon moi, un essai sur l'histoire des idées. Plusieurs thèmes sont abordés mais aucun n'est creusé. L'auteur nous montre sa grande érudition, sa très grande érudition même, mais les amateurs du roman-roman subiront une déception extrême. C'est à mille lieues du thriller et même du roman contemporain. Prenez les digressions dans les romans de Kundera, accordez-les bout à bout et vous aurez une meilleure idée de ce "Secret".
Je me demande si Sollers sera lu dans quelques décennies. Parce que ce roman date de 1993 et on sent déjà qu'il n'a pas très bien vieilli. Alors imaginer sa pertinence dans 20 ou 30 ans n'est pas chose facile ni évidente. J'ai trouvé son style d'écriture beaucoup trop charcuté, interrompu par une ponctuation trop lourde. À chaque deux ou trois mots il y a soit une virgule ou un point. Les énumérations sont nombreuses, c'est le moins qu'on puisse dire, et cela débouche sur un style lourd. Après une centaine de pages on s'y habitue sans être totalement convaincu. Bref, c'est une lecture qui laisse perplexe, et cela me prendra quelques semaines avant de savoir si "Le Secret" de Sollers en valait vraiment la peine, s'il m'en est resté quelque chose. Par contre, en terminant, je dois dire que, malgré tout, je n'ai pas détesté ma lecture et c'est même un bon livre dans l'ensemble. Ce qui explique ma note supérieure à sept sur dix.
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