lundi 5 novembre 2012

Un as dans la manche, Annie Proulx



Ma note: 7/10

Voici la présentation de l'éditeur : Abandonné par ses parents partis en éclaireurs en Alaska pour n'en jamais revenir, Bob Dollar est élevé par l'oncle Tam, un brocanteur. A vingt-quatre ans, après de nombreux petits boulots, Bob est engagé par une porcherie industrielle, la " Mondiale de la Couenne ", qui l'envoie au fin fond du Texas pour repérer les terrains à racheter à des veuves désespérées par les odeurs pestilentielles, à des fermiers découragés par la pollution des nappes phréatiques, à des héritiers pressés de fuir l'aridité de ces immenses plaines. Face à ces enfants de pionniers, Bob va devoir jouer serré, tricher, amadouer cette Amérique profonde où la brutalité sauvage le dispute à la générosité. Dans un style imagé et puissant, Annie Proulx nous restitue une certaine Amérique menacée de disparition.

Malgré un nom très Québécois, Annie Proulx est bel et bien une Américaine, qui a par contre des origines québécoises. Elle a même fait une partie de ses études à Montréal et à l'instar de Jack Kerouac, elle semble attachée à ses racines. Habituée des prix littéraires américains, et non les moindres comme le National Book award (le plus prestigieux) et le Pulitzer. C'est la première fois que je lisais un de ses livres et elle est une incontournable pour qui s'intéresse à la littérature américaine. Notamment, elle est un des auteurs préférés de Stephen King et bien d'autres.

D'entrée de jeu, je pourrais la comparer à Philip Roth et Cormac McCarthy. Je crois qu'elle est un croisement entre les deux et ce roman est éloquent à ce sujet. Elle a une plume très recherchée, un peu comme McCarthy et elle aussi fait dans la littérature des grands territoires, de la campagne. Et dans une moindre mesure, on pourrait dire qu'elle retire de Roth les portraits qu'elle trace de ses personnages, la forme qu'elle emploie. Elle retrace leur origine un peu à la manière du grand Philip Roth.

Ensuite, à la lecture de ce roman, on pourrait dire que cela paraît qu'elle est une habituée des nouvelles littéraires. Les chapitres dans ce roman sont bien tranchés (presque écrits en "scènes" comme les classiques), et souvent, on a droit à des histoires différentes même si la toile de fond reste la même, avec Bob Dollar comme fil conducteur.

Et pour l'histoire en tant que telle, "Un as dans la manche" m'a rappelé "Les âmes mortes" de Gogol. Un étranger débarque dans une région pour trahir à peu près tout le monde. Sauf que celui de Gogol était beaucoup plus intéressant. Le personnage principal était une sorte de métaphore du diable. Ici, Bob Dollar (quel nom ringard en passant) est quelque peu idiot et le récit de Proulx est amené avec tellement de subtilité qu'on se demande où elle veut bien nous conduire. Elle cherche à traiter plusieurs thèmes sans en approfondir un seul. Par exemple, une critique du capitalisme s'en dégage mais sans réelle conviction, de même que sa prise de position en faveur des régions, du grand territoire.

Pour terminer, voici un roman bien écrit mais sans intérêt. L'histoire est souvent boiteuse, les personnages inintéressants et l'intrigue peine à prendre sa place. Il y a même un léger soupçon de thriller mais il est tellement effacé qu'on le remarque à peine (vers la fin). Par contre, le style de l'auteure est solide et la prose est fluide, ce qui n'en fait pas une lecture déplaisante.

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