Ma note:
8/10Voici la quatrième de couverture: "Paul Auster est devenu écrivain parce que son père, en mourant, lui a laissé un petit héritage qui l'a soustrait à la misère. Le décès du père n'a pas seulement libéré l'écriture, il a littéralement sauvé la vie du fils. Celui-ci n'en finira jamais de payer sa dette et de rembourser en bonne prose le terrifiant cadeau du trépassé." Là se trouve — Pascal Bruckner le note d'emblée dans sa lecture — la clef de voûte du système Auster. L'Invention de la solitude est le premier livre du jeune écrivain, c'est aussi le livre fondateur de son œuvre, son art poétique. Dans les deux parties — Portrait d'un homme invisible (le père) et le Livre de la mémoire —, Paul Auster interroge la mémoire familiale et met en place un univers que l'on retrouvera dans chacun de ses romans.
On pourrait comparer ce livre, certains passages à tout le moins, à "Les mots" de Jean-Paul Sartre et à "Une histoire d'amour et de ténèbres" d'Amos Oz. Ce n'est pas vraiment un roman. La première partie est consacrée à la vie de son père et de ses grands-parents paternels. Il commente sa situation familiale d'un oeil pour le moins critique. Et lors de la deuxième partie, Auster nous offre une autobiographie très dirigée sur la place de l'écriture dans sa vie.
Les références de Paul Auster sont les mêmes tout au long de sa carrière et ici, dans son premier livre, il mettait la table pour son oeuvre futur. Alors, Emily Dickinson, Freud, Proust, Hölderlin et Thoreau - et d'autres - viennent se greffer aux autres thèmes de l'auteur comme l'identité, la solitude et la création littéraire. De plus, cet écrivain a un certain attachement à la culture de masse, notamment en écrivant beaucoup sur le baseball.
J'avais lu tous les romans d'Auster et pour boucler la boucle, j'ai décidé de lire celui-ci même si l'auteur a débuté avec la publication de cet essai (je crois que le genre de l'essai est ce qui se rapproche le plus de ce livre difficile à catégoriser). J'ai bien aimé mon moment de lecture mais je comprends pourquoi plusieurs n'ont pas appréciés. Cependant, je crois qu'il est préférable de ne pas commencer par celui-ci et en plus, on doit aimer ce romancier au préalable, parce que ce livre est très personnel.
Pour terminer, je dois glisser un mot sur la traduction. La traductrice, Christine Le Boeuf, est habituellement excellente pour traduire les livres de Paul Auster, mais ici, avec "L'invention de la solitude", c'est raté. Plusieurs mots sont mal agencés, ce qui donne des phrases difficilement lisibles, surtout dans la deuxième partie. C'est peut-être l'auteur qui voulait être trop original, mais le style d'écriture du "Livre de la mémoire" n'est pas à la hauteur de Paul Auster après une première partie courte mais efficace.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire