dimanche 20 janvier 2013

Le temps où nous chantions, Richard Powers



Ma note: 8/10

Voici la présentation de l'éditeur: En 1939, lors d'un concert de Marian Anderson, David Strom, un physicien juif allemand émigré aux États-Unis pour fuir les persécutions nazies, rencontre une jeune femme noire, Delia Daley. Ils se marient et élèvent leurs trois enfants dans le culte exclusif de la musique, de l'art, de la science et de l'amour universel, préférant ignorer la violence du monde autour d'eux. Cette éducation va avoir des conséquences diverses sur les trois enfants. Jonah devient un ténor de renommée mondiale, Ruth va rejeter les valeurs de sa famille pour adhérer au mouvement de Black Panthers, leur frère Joseph tentera de garder le cap entre l'aveuglement des uns et le débordement des autres, afin de préserver l'unité de sa famille en dépit des aléas de l'histoire. Avec des personnages d'une humanité rare, Richard Powers couvre dans cet éblouissant roman polyphonique un demi-siècle d'histoire américaine, nous offrant, au passage, des pages inoubliables sur la musique. Le Temps où nous chantions a été élu meilleur livre de l'année par The NewYork Times et TheWashington Post.

Je me joins au concert de critiques pour ennoblir ce roman. Mais en même temps, je ne serai pas aussi dithyrambique que la plupart de ces critiques. Oui, c'est un bon roman, pour ne pas dire excellent, mais je ne crois pas que ce soit le roman parfait comme semblait le dire le chroniqueur qui m'a amené à ce livre.

En effet, lors d'une émission culturelle, le chroniqueur (et écrivain et éditeur) Jean Barbe disait qu'il était le meilleur roman qu'il avait lu lors des dix dernières années (au moins). Étant donné que je suis souvent d'accord avec lui (même si je trouve qu'il est un écrivain très ordinaire) je plongeais dans "Le temps où nous chantions" avec beaucoup d'attente. J'ai découvert une histoire merveilleuse qui fait un peu la synthèse entre le roman sur l'identité (dans ce cas-ci les noirs américains de l'après-guerre), la révolution vers quoi tout converge et surtout, sur la musique (et le chant), qui elle, traverse tout le roman pour la plus grande joie de nos oreilles, de nos yeux, de notre imagination. Ceci est amené par le genre du roman familial américain.

Ce livre est arrivé quelques années seulement après "Pastorale américaine" et "La tache" de Philip Roth. On sent l'influence à plein nez. Non seulement reprend-il les mêmes thèmes que ces deux romans (à l'exception de la musique) mais il reprend aussi une forme de l'intrigue en ajoutant un revirement aux deux tiers de son corpus. Dans "Pastorale américaine" on apprenait l'extrémisme de la fille du Suédois, dans "La tache" on apprenait l'identité réelle de Coleman Sick alors qu'ici, les liens entre David (le père du narrateur) et la science nous serons dévoilés sous une forme qu'on ne s'attendait pas.

En plus du grand roman familial américain, on est en présence d'un roman du genre réaliste. La science y joue un grand rôle, notamment la relativité générale et la physique quantique. La structure est la force du bouquin, on passe à travers les années pour revenir en arrière, pour revenir dans le présent, pour retourner loin en arrière, etc., et ainsi, tout s'emmêle, tout se rejoint. C'est un roman du tout, de la complétude, du général et du particulier.

Aussi, un autre rapprochement que je pourrais faire est celui avec l'oeuvre de Jonathan Franzen. C'est le même genre de roman familial mais davantage historique. Powers a un peu le même style que Franzen, où l'action se déplace lentement et où les aphorismes sont rares. Je n'ai pas été happé par la plume de Powers, les métaphores sont souvent insipides de même que les dialogues. Mais par-dessus tout, ma plus grande déception c'est l'attente que j'avais. Sa réputation est gonflée par les nombreuses critiques élogieuses. Pour ma part, si cela était possible, je dirais que le roman est meilleur que son auteur...

3 commentaires:

  1. J'avoue que ce roman m'a ennuyée. J'ai eu du mal à m'intéresser aux personnages (enfin, je n'y suis pas parvenue du tout je crois). Je l'ai trouvé très intéressant car il donne plein de détails concrets sur les lois raciales (le fait qu'une mère noire ne puisse aller dans le même magasin que son fils noir, les trucs des immeubles, des quartiers) et j'ai trouvé qu'il parvenait extrêmement bien à mettre des mots sur la musique. C'est déjà beaucoup. Mais ce roman ne m'a pas touchée ou émue. Je suis comme toi, je trouve dommage ces critiques gonflées... du coup, on est déçu.

    RépondreEffacer
  2. Oui. Avant de le lire j'avais lu ta critique et c'est la première qui n'était pas trop gonflée. Je me demandais avec qui j'allais être d'accord et en fin de compte, c'est avec toi. Je trouve que Powers est quand même limité point de vue talent littéraire.

    RépondreEffacer
  3. Pour moi , ce roman est -au sens strict du mot- in-oubliable... Sur le monde des sensations, sur la musique ...et puis c'est un grand roman politique également . Un livre dont je me souviens Où je l' ai lu , petit signe qui ne trompe pas , pour moi...

    RépondreEffacer