samedi 25 juin 2011

Purge, Sofi Oksanen



Ma note: 8/10

Voici la présentation de l'éditeur: En 1992, l’union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.
Ainsi, lorsqu’elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l’occupation soviétique et l’amour qu’Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix. Sofi Oksanen s’empare de l’Histoire pour bâtir une tragédie familiale envoûtante. Haletant comme un film d’Hitchcock, son roman pose plusieurs questions passionnantes : peut-on vivre dans un pays occupé sans se compromettre ? Quel jugement peut-on porter sur ces trahisons ou actes de collaboration une fois disparu le poids de la contrainte ? Des questions qui ne peuvent que résonner fortement dans la tête des lecteurs français.

Chronique familiale bien ficelée, "Purge" est un roman marquant. Premièrement, après seulement quelques pages, on voit que la plume de cette jeune auteure est mature, précise et élégante. Tout est juste. Les descriptions sont bien équilibrées et l'action a un rythme convenable bien que parfois un peu lent. Les personnages sont eux aussi très bien rendus et leur profondeur est frappante. On sent qu'ils ont du vécu. Et cette expérience nous sera dévoilée tout au long du roman, et ainsi, l'action nous fera passer de l'année 1992 à la jeunesse des deux femmes pour revenir souvent à cette année 1992 où elles se rencontrent et discutent (au début du roman).

Je ne suis pas surpris que Nancy Huston ait adoré ce livre. Ce roman est proche de ce qu'elle fait comme littérature.

Aussi, j'ai bien aimé parfaire mes connaissances sur l'Estonie, un pays que nous connaissons si peu. Le communisme est à l'arrière plan, comme une ombre désenchanteresse. Sofi Oksanen parvient à faire ce que peu d'auteurs sont capables, soit de nous expliquer le réel, le concret, sans trop en faire, où la lecture est aisée et où le roman ne semble pas écrit. C'est rare une pareille réussite, surtout de nos jours, où la télé a pollué nos esprits littéraires.

Finalement, sans crier au chef-d'oeuvre, ce livre constitue une lecture essentielle. Le désarroi de ces deux femmes est perceptible et l'histoire de l'Estonie est très présente. Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois que je lis un auteur du nord de l'Europe, j'y prends plaisir, j'adore. Il y a les classiques russes qui sont inégalables, les policiers suédois qui sortent de l'ordinaire et les romans contemporains de la Scandinavie qui nous donnent une leçon d'écriture bien ancrée dans notre temps. Sofi Oksanen, finlandaise, représente bien cette dernière catégorie. Une grande écrivaine dont la carrière nous réserve que de bonnes choses. J'en suis convaincu!

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